
La Déclaration des droits de l’homme et du citoyen fête son 230e anniversaire ce 26 août, mais son esprit est en berne face à l’impératif sécuritaire et aux inégalités.
Dans la nuit du 4 août 1789, l’Assemblée nationale constituante votait la suppression des privilèges féodaux. Dans la lignée, elle décidait de graver dans le marbre les droits naturels, inaliénables et sacrés de l’homme, donnant ainsi naissance à la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen du 26 août 1789. Le Conseil constitutionnel a conféré à celle-ci une valeur constitutionnelle et l’utilise comme fondement juridique à ses décisions. (...)
Pourtant, l’actualité de ce texte – alors qu’il fête cette année son 230e anniversaire – est marquée par un recul croissant des libertés fondamentales, en « très mauvais état » selon les mots de Jean-Marie Delarue, président de la Commission nationale consultative des droits de l’homme.
Ces libertés sont en effet de plus en plus méprisées sous couvert d’impératif sécuritaire, mais aussi parce qu’elles sont perçues comme une entrave à l’efficacité politique, en particulier en matière migratoire. Elles ne résistent pas non plus à la montée des populismes, qui érigent régulièrement leur remise en cause en argument de campagne à des fins conservatrices (droit à l’avortement menacé aux États-Unis, possibilité pour les commerçants de refuser les clients homosexuels en Pologne…).
Mouvement liberticide
Ces dernières années, la France ne s’est pas dissociée de ce mouvement profondément liberticide en adoptant des législations donnant toujours plus de pouvoirs à l’administration (...)
réprimant durement les mouvements sociaux à l’instar des gilets jaunes mais également les actions symboliques dont l’évacuation musclée des militants d’Extinction Rebellion le 28 juin 2019. Cette liste fait écho aux propos que Robert Badinter avait tenus lors d’une conférence sur les rapports entre la France et la Cour européenne des droits de l’homme en 2011 : « Lorsque la France se targue d’être la patrie des droits de l’homme, c’est une figure de style, a-t-il asséné, elle est la patrie de la déclaration des droits de l’homme, aller plus loin relève de la cécité historique. » (...)
Les 230 années qui nous séparent du vote de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen n’ont pas suffi à en affaiblir l’actualité. Ces droits sont des outils pensés pour tendre vers une amélioration du fonctionnement démocratique et le développement du « bonheur de tous ». Ne l’oublions pas.