
Bon, c’est les vacances, le temps des échappées belles et du grand réconfort solaire, du moins à ce qu’on dit (purée de météo pourrie). En même temps, par les sales temps qui courent, ce besoin de fuite, comme on va le voir, ne se limitera certainement pas aux mois d’été (punaise de crise).
Il y a un type qui a écrit un petit bouquin là-dessus il y a quelques années. Et il ne parlait pas seulement des vacances : Éloge de la fuite, de Henri Laborit. C’est paru en format de poche (Folio, 7,50 euros). Parfait pour une lecture sous un coin de parasol… ou de parapluie !
(...) Il faut bien du courage et de la volonté pour échapper aux structures suffocantes tissées par notre éducation et à la sclérose des ordres établis. Bien de la patience et de la clairvoyance pour apprendre à connaître et à maîtriser les mécanismes qui engendrent ces structures, à décrypter les pulsions inconscientes qui nous poussent dans la course à la domination.
Pas facile car nous sommes nous-mêmes imprégnés de tous ces codes par lesquels les “autres” (« nous ne sommes que les autres ») ont anesthésié la zone associative de notre cerveau, celle qui devrait, nous dit-on, nous distinguer des animaux et nous permettre de nous émanciper, et qui, en réalité, par faiblesse, participe à notre aliénation.
La fuite dont parle Laborit ne relève pas du sauve-qui-peut impuissant, d’un piteux retour en arrière. Elle est une marche continuelle vers l’avant, une remise en cause permanente des situations établies, une fuite loin des pouvoirs en place, y compris et surtout ceux que nous avons nous-mêmes contribué à installer.
La fuite, pour Laborit, « c’est la Révolution permanente ». Une lutte incessante pour se tenir loin des toiles d’araignées hiérarchiques dans lesquelles le plus grand nombre cherche à vous recoller. (...)