
Contre la surdité et le mépris de l’Éducation nationale, 300 personnes ont manifesté, samedi à Colombes (Hauts-de-Seine) pour l’annulation des procédures disciplinaires contre deux enseignants d’un collège.
(...) Ils protestent contre leur convocation en conseil de discipline suite à leur participation à un mouvement de grève en novembre-décembre 2014 qui avait pour but de maintenir leur établissement. Et réclament l’arrêt des procédures disciplinaires à leur encontre. Des procédures dénoncées comme une attaque contre le droit de grève par plusieurs syndicats et partis de gauche. (...)
Depuis bientôt deux semaines qu’ils ont cessé de s’alimenter et campent dans un « combi » stationné devant leur collège, faute d’avoir eu l’autorisation de s’installer en salle des profs, Oscar Romain (professeur de mathématiques) et Gari Pham (professeur d’EPS), soutenus par leurs collègues et les principaux syndicats d’enseignants (SNES, CGT educ, Sud éducation, SNALC) déplorent la surdité et le mépris de leur administration. Oscar Romain raconte avoir eu vendredi un contact téléphonique avec le médiateur du ministère, Claude Bisson-Vaivre, sans qu’il sache si ce dernier, qui leur a simplement demandé de cesser leur grève de la faim et de reprendre les cours, était officiellement mandaté pour trouver une solution au conflit.
Cela a été jusqu’ici leur seul contact, bien que la ministre de l’Éducation nationale, Najat Vallaud-Belkacem, ait été avertie de la situation. Par Alexis Bachelay, député (PS) de la circonscription, qui lui réclamait dans un courrier du 25 septembre la nomination d’un médiateur et la suspension des procédures disciplinaires, ainsi que par Brigitte Gonthier-Maurin, sénatrice (PCF) des Hauts-de-Seine.
Mardi 29 septembre, c’est dans la rue qu’ils ont tenu avec leurs collègues, des parents d’élèves et des anciens élèves une réunion d’information et de soutien. (...)
Jeudi 30 septembre, en solidarité avec « Oscar et Gari » une partie de l’équipe enseignante a de nouveau cessé les cours – ils avaient déjà débrayé le 18 septembre et avaient repris les cours le 23. Des élèves ayant également refusé d’aller en cours à l’issue de la récréation du matin, et « manifesté » dans le collège, celui-ci a été fermé par décision de l’inspecteur d’académie.
Le lendemain matin, selon plusieurs récits concordants, huit agents du Centre Académique d’Aide aux Écoles et aux Établissements (CAAEE), un service chargé d’assurer la mise en œuvre et la coordination des actions de prévention et de lutte contre les différentes formes de violence en milieu scolaire, emmené par l’inspecteur d’académie adjoint en charge du bassin de Neuilly-sur-Seine, Thierry Aumage, filtraient l’entrée des élèves avec fouille des cartables. Ils auraient pris quelques élèves pour l’exemple et décidé de les sanctionner.
Une mère d’élève, convoquée par M. Aumage parce que son fils avait tambouriné sur un casier en scandant les prénoms de MM. Roman et Pham, s’est vue reprocher de soutenir elle aussi les deux enseignants (...)
C’est dans ce contexte tendu que trois cent personnes ont défilé samedi dans les rues de Colombes. Au cris de « Dans tous les quartiers, dans toutes les régions, un même droit à l’éducation », ou « A tous ceux qui veulent réprimer Oscar, on leur répond : résistance ! A tous ceux qui veulent réprimer Gari, on leur répond : résistance ! », les manifestants, parmi lesquels figuraient des élus locaux du PCF, des militants du Parti de gauche, du NPA et du POI, ont fait le tour du secteur du collège avant de se disperser sur le Parvis des droits de l’Homme après plusieurs prises de parole des syndicats et partis politiques présents, ainsi que de parents d’élèves. (...)
Sans trop d’illusions sur une solution rapide au conflit – Gari Pham et Oscar Roman sont respectivement convoqués en conseil de discipline les 9 et 15 octobre –, les enseignants du collège Gay Lussac s’organisent. Ils ont ouvert une page Facebook, lancé une pétition de soutien à Gari Pham et Oscar Roman qui a déjà recueilli plus de 2.000 signatures, et ouvert une caisse de grève en ligne. Sans que cela puisse compenser les effets d’’une grève de la faim qui, chaque jour qui passe, menace un peu plus l’intégrité physique de deux enseignants.