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La voix du nord
Migrants - Ceux qui passent, en Angleterre et dans la vie des Calaisiens
Article mis en ligne le 17 mars 2012
dernière modification le 14 mars 2012

Haydée Sabéran est correspondante à Lille pour le journal Libération. « Adolescente, Calais c’était la voix de Jane Birkin, sur France Inter, qui racontait que pour aller en Angleterre elle passait par ici. » Adulte, la ville est devenue un terrain de reportages, pour le CRUFC puis les migrants, « un bonheur » ensuite avant de devenir un livre, « Ceux qui passent ». Il sort jeudi en librairie.

(...) « C’est venu petit à petit. À force de traiter le sujet pour Libération, mon intérêt s’épaississait. Je voulais m’offrir le luxe de passer du temps avec des gens et réhumaniser les migrants. Les migrants sont des ombres et des silhouettes qui passent aux abords des routes, ça, je le ressentais depuis Sangatte. Ils ont les cheveux noirs, ils se ressemblent. Mon but est de donner un visage, un nom, une histoire et une progression à ces gens, savoir pourquoi ils sont partis. Pour nous, c’est plus facile de les voir supporter quelque chose d’aussi dur si ce sont des ombres. » (...)

« Je crois que je n’ai jamais autant ri que lorsqu’on est allé jusqu’au tunnel avec eux, la nuit. Traverser l’autoroute à pied de nuit, se cacher. J’imaginais une marche silencieuse et ils n’arrêtaient pas de raconter des blagues que je traduisais à mon photographe. C’était la « Grande vadrouille ». J’espère que dans quelques années, un migrant fera un film, comme les nôtres sur la Seconde Guerre mondiale. Parce que la situation est dramatique mais cocasse. »
(...)

« Le titre du livre a été très difficile à trouver, explique Haydée Sabéran. Au début, je m’étais dit que dans le titre il y aurait le mot Sangatte, j’avais pensé aux enfants de Sangatte.

Le titre est donc arrivé progressivement, à force de répondre aux gens, quand il me demandait : "Mais tu écris un livre sur quoi ?"

Un jour j’ai dit : "J’écris un livre sur ceux qui passent et ceux qui les voient passer".

Parce que je ne parle pas que des migrants mais aussi des gens d’ici qui se décarcassent pour leur rendre la vie moins dure. Ceux qui passent en Angleterre et dans nos vies. C’était ça l’idée. »

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