
L’ancien maire de Mexico devance de plus de trente points le jeune conservateur Ricardo Anaya, à la tête d’une coalition de droite et de gauche, et Jose Antonio Meade, du Parti révolutionnaire institutionnel (PRI), le parti au pouvoir, très loin derrière, en troisième position.
Ses deux rivaux ont rapidement reconnu leur défaite et l’ont salué pour sa victoire.
Le président américain Donald Trump a également félicité Lopez Obrador et s’est dit "prêt à travailler" avec lui.
"Il y a beaucoup à faire pour le bien à la fois des Etats-Unis et du Mexique !", a tweeté Trump, dont la politique commerciale et sur l’immigration a plongé les relations avec son voisin mexicain au plus bas de leur histoire.
Lopez Obrador lui a répondu qu’il souhaitait une relation d’"amitié et de coopération" avec les Etats-Unis, après avoir promis au pays "des changements profonds" et "sans dictature".
Autre partenaire important, le Canada a également rapidement félicité le vainqueur. Le Premier ministre Justin a notamment appelé à une relance rapide de l’Accord de libre-échange nord-américain (Aléna), qualifié de "désastre" par M. Trump.
– "Mafia du pouvoir" -
Pour la première fois de l’histoire moderne du Mexique, la gauche accède à la présidence.
La gauche obtient également un succès régional sans précédent au moins six postes de gouverneurs sur les neuf en jeu, avec son parti, le Mouvement de régénération nationale (Morena).
Pour la première fois, une femme, Claudia Sheinbaum, scientifique de 56 ans et fidèle de "AMLO", dirigera la capitale et ses plus de 20 millions d’habitants.
Avec ses alliés, Lopez Obrador, qui prendra ses fonctions en décembre prochain, obtiendrait la majorité à l’Assemblée, avec au moins 250 sièges de députés. Plus de 18.000 mandats, dont 128 sénateurs, étaient également en jeu.
Il s’agit d’un "ouragan national", commentait sur la chaîne Televisa le politologue Jesus Silva Herzog Marquez.
– Défis gigantesques -
Lopez Obrador aura su capitaliser sur l’exaspération d’une grande partie des Mexicains et se présenter en candidat des plus modestes.
"Pour la première fois, l’histoire s’écrira du côté des pauvres", se réjouissait Salvador Sanchez, 82 ans, devant le bureau de vote du candidat, plus tôt dans la journée.
Le principal défi du président "sera d’accomplir ce qu’il a promis, et ce qu’il a promis est une utopie", a commenté à l’AFP l’analyste politique Jose Antonio Crespo. "Il n’y arrivera pas, mais on verra ce qu’il obtient".
"Il va pouvoir compter sur l’appui du Congrès, une grande légitimité, mais les choses ne changent pas de façon magique", poursuit l’expert.(...)
Lopez Obrador devra affronter des défis gigantesques : en plus de lutter contre la corruption, il devra tenir sa promesse de "remettre à sa place" le président Trump, qui a menacé de rompre l’Aléna et estimé que le Mexique "ne fait rien" contre l’immigration clandestine venue d’Amérique centrale.
– Sanglante campagne -
Tout au long de la campagne, la violence a été au coeur des débats, mais elle a aussi touché de nombreux candidats ou militants sur le terrain.
Le processus électoral est déjà considéré comme "le plus sanglant" de l’histoire du Mexique, avec au moins 145 assassinats d’hommes politiques - dont 48 candidats ou pré-candidats -, selon le cabinet d’études Etellekt.
Dimanche, au moins deux militants ont été abattus, un militante du Parti des Travailleurs (PT, opposition) dans l’Etat du Michoacan (ouest), et un autre du PRI, dans l’Etat de Puebla (centre).
Plus de 200.000 personnes ont été tuées dans le pays depuis 2006 et lancement de la guerre contre le narcotrafic à l’aide de l’armée.
"AMLO" a promis d’éradiquer la pauvreté qui alimente ces violences et de ramener la paix sociale dans le pays.
L’Obs