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Le monde
Mélanie Déchalotte, la journaliste qui a brisé le tabou des maltraitances gynécologiques sur France Culture
Article mis en ligne le 24 octobre 2015

Le 28 septembre dernier, France Culture diffusait le documentaire « collection témoignage : maltraitances gynécologiques » dans l’émission Sur les Docks. Ce documentaire a connu une audience exceptionnelle et a déclenché une avalanche de témoignages, qui ont eux-mêmes été repris par la presse, faisant tomber le tabou des violences commises dans l’intimité des cabinets de gynécologie. Mélanie Déchalotte, la journaliste à l’origine de ce documentaire, revient sur le retentissement de cette émission.

Qu’est-ce qui vous a poussée à vous intéresser aux maltraitances gynécologiques ?

Plusieurs événements sont à l’origine de mon intérêt pour ce sujet : d’abord mon expérience personnelle concernant la gynécologie, et surtout le fait que l’immense majorité des femmes de mon entourage (amical, professionnel ou familial) a été victime d’une mauvaise expérience lors d’une consultation, d’un examen gynécologique, d’un accouchement, d’une IVG, etc. Les multiples tweets parus sur la toile en réponse au lancement du hashtag « PayeTonUtérus » et enfin le scandale des touchers vaginaux sur patientes endormies m’ont convaincue qu’il fallait absolument faire un documentaire pour dénoncer cette maltraitance dont pouvaient être parfois victimes les patientes au contact de certains professionnels de santé.
Avez-vous pu facilement convaincre France Culture de diffuser un tel sujet ? Quelles ont été les réactions des responsables de la programmation ?

L’équipe de France Culture qui dirige l’émission a d’emblée accueilli très favorablement le projet de ce documentaire. Le sujet était délicat : la maltraitance dont sont victimes les femmes en gynécologie et obstétrique est un véritable tabou. La société refuse de la prendre en considération : le corps médical français reste très susceptible lorsqu’il s’agit de remettre en question ses pratiques, les hommes ne se sentent pas concernés, les femmes elles-mêmes sont conditionnées à éprouver cette souffrance comme inhérente à la condition féminine. Malgré la difficulté que représentait cette enquête, Irène Omélianenko, la directrice de l’émission, a tout de suite décidé de soutenir le projet. (...)