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Médecins Sans Fontières : Calais est une cage de zoo
Article mis en ligne le 18 juin 2017

Deux responsables de Médecins Sans Fontières témoignent des conditions de vie inhumaines imposées par l’Etat aux réfugiés.

Harcèlement policier et conditions de vie difficiles pour les migrants à Paris
Présentes à Calais, du 12 au 16 juin, afin de fournir des soins médicaux, les équipes de Médecins Sans Frontières ont constaté à quel point les autorités publiques intensifient la traque et le harcèlement des personnes migrantes et de ceux qui souhaitent leur venir en aide. Seules les initiatives des associations locales et nationales ayant été âprement négociées avec la mairie et la préfecture offrent un peu de répit aux quelques centaines d’Afghans, Erythréens, Ethiopiens, Soudanais et Somaliens présents dans le Calaisis et en attente d’un passage, périlleux et incertain, en Grande-Bretagne.
L’essentiel des secours tolérés se produit dans une zone de distribution, entièrement grillagée depuis le 13 juin, et située non loin de l’ancienne « Jungle » démantelée en octobre dernier. Débutant à 18h, cette distribution quotidienne, la seule autorisée par la mairie, est très encadrée par les forces de l’ordre : la gendarmerie d’abord qui garde le site en journée afin d’assurer qu’aucun regroupement n’ait lieu avant 18h, puis CRS, police nationale, Brigade anti-criminalité, Police de l’air et des Frontières. L’apparition soudaine de centaines de personnes surgissant des bois et des forêts à cette occasion donne lieu à des scènes surprenantes. Calais semble être devenue une cage de zoo, une cage dont on ouvre la porte de temps à autres pour faire boire et donner à manger en s’assurant que les migrants ne s’en approchent pas trop et qu’ils ne s’enfuient pas.

En dehors de ce créneau, d’à peine plus d’une heure et bien évidemment insuffisant pour fournir de la nourriture à toutes et tous, l’accueil offert par le prêtre de l’Eglise Saint-Joseph permet la fourniture d’un deuxième repas, d’eau et un peu de repos à ceux qui osent s’aventurer en ville. Aucun point d’eau fixe n’est en effet disponible pour que les exilés puissent s’hydrater et se laver.

Toute initiative d’aide qui ne s’inscrirait pas dans ces dispositifs – pour l’un autorisé, et pour l’autre, tout juste toléré – est irrémédiablement traquée dans la ville.(...)

u nom du refus des « points de fixations », les rassemblements de migrants sont dispersés, de même que toute tentative de leur offrir des secours supplémentaires. Présente lors d’une de ces interventions de dispersion, notre équipe a constaté l’empressement d’un groupe de la Brigade anti-criminalité à mettre fin à la distribution d’une soixantaine de repas. Selon l’agent de police en charge de l’opération interpellé par un membre de notre équipe, « un repas par jour, ce n’est pas suffisant, mais j’ai des ordres ».

Les migrants, dont certains ne sont qu’adolescents, dorment dans la forêt, les marécages, sur le sable (...)

Au terme de cette visite, les conclusions tirées par notre équipe rejoignent celles du Défenseur des droits qui dénonçait dans un communiqué du 14 juin « les conditions de vie inhumaines que subissent les exilés à Calais ». Si ces pratiques institutionnelles de non-accueil s’inscrivent dans la continuité des années précédentes, rarement les autorités n’avaient semblé si déterminées à harceler les migrants. Dans ce contexte, nous exprimons notre pleine solidarité avec ces derniers ainsi qu’avec les associations locales ou initiatives d’aide individuelles. Nous appelons également les autorités à répondre favorablement aux recommandations émises par le Défenseur des droits et soutenons le dépôt, le 15 juin, d’un référé-liberté par les associations. (...)