
Un télégramme de l’ambassadeur britannique de l’époque, désormais public, donne une estimation du nombre de morts dix fois plus élevée que celle retenue jusqu’ici.
Vingt-huit ans après la répression des manifestations de Tiananmen à Pékin, un document des archives nationales britanniques livre un récit cauchemardesque du massacre orchestré par l’armée chinoise entre le 15 avril et le 5 juin 1989. (...)
« Estimation minimale des morts civils 10 000 ». (...)
Le régime chinois, qui impose un tabou sur cette période, avait, de son côté, affirmé à la fin juin 1989 que la répression des « émeutes contre-révolutionnaires » avait fait 200 morts chez les civils et « plusieurs dizaines » du côté des forces de l’ordre.
Les manifestants « taillés en pièces »
Le rapport d’Alan Donald offre un témoignage terrifiant de la violence qui s’est déchaînée dans la nuit du 3 au 4 juin, lorsque l’armée a entamé son avancée en direction de la gigantesque place Tiananmen, cœur symbolique du pouvoir communiste occupée par les manifestants.
« Les blindés de transport de troupes de la 27e armée ont ouvert le feu sur la foule (…) avant de lui rouler dessus », écrit l’ambassadeur. (...)
« Quatre étudiantes blessées qui imploraient d’être épargnées ont reçu des coups de baïonnette », ajoute l’ambassadeur, avant d’évoquer des ambulances militaires qui « ont essuyé des coups de feu alors qu’elles tentaient d’intervenir ».
Ces exactions sont imputées principalement à la 27e armée, composée de soldats originaires de la province du Shanxi (nord) « illettrés à 60 % et qualifiés de primitifs ». Elle est commandée par Yang Zhenhua, neveu de Yang Shangkun, alors président de la République populaire (un poste honorifique).
Selon le document, la répression a engendré des tensions au sein de l’armée, (...)