
Slate.fr explore le programme, les déclarations et le bilan des candidats à la présidentielle, sous le prisme de l’égalité femmes-hommes. Aujourd’hui Marine Le Pen. Avec cette question : est-elle « féministe » ? [5/6]
Le Front national n’est pas un parti particulièrement connu pour son féminisme. Mais il a récemment opéré une véritable OPA en direction des femmes, à tel point que certains chercheurs ont pu parler de « national-féminisme ». La raison ? Les femmes ont historiquement plutôt moins voté que les hommes pour le Front national. Il y a donc là un réservoir de voix pour le FN, d’autant qu’elles s’inscrivent un peu plus que les hommes sur les listes électorales, et qu’elles sont aussi plus nombreuses que leurs congénères masculins (52%). Toutes choses qui poussent Marine Le Pen à se rapprocher, en apparence, des thématiques féministes….
La présidente du parti d’extrême-droite mentionne régulièrement les « droits des femmes ». Elle est même allée jusqu’à rendre hommage à deux figures du féminisme, Elisabeth Badinter et Simone de Beauvoir. Mais elle se garde pour l’instant bien de se dire « féministe ». Interrogé par une journaliste de BFM TV en octobre 2016 sur le sujet, Marine Le Pen a fait savoir son opinion (à 1’49 dans la vidéo ci-dessous) :
« Je ne sais pas ce que ça recouvre, le féminisme. »
Dans son autobiographie, À contre flots, elle avait semblé concédé du bout des lèvres que sa période de mère célibataire l’avait rendue « quasi féministe », selon Mediapart. Ce sera le maximum de ses envolées lyriques en faveur de ce courant de pensée. (...)
Coordinateur du projet présidentiel de Marine Le Pen, Jean Messiha nous confirme :
« Non, je ne crois pas qu’elle se dirait féministe. Le féminisme ce sont ces mouvements extrémistes et outranciers des années 70 qui avaient leur raison d’être compte tenu du contexte de l’époque et du peu de droits des femmes, mais maintenant ces mouvements-là ne peuvent pas continuer à réclamer des choses déjà accordées »
Pour un féminisme assumé, et conscient de son héritage historique, donc, on repassera. Examinons maintenant son bilan en matière de droits des femmes, pour voir s’il y a lieu de déclarer Marine Le Pen « féministe malgré elle ».
Un bilan quasiment inexistant
Le décompte risque d’aller vite. Comme le montre le travail des Glorieuses, qui ont scruté les votes de l’eurodéputée depuis 2004, Marine Le Pen a quasiment systématiquement voté contre tous les projets visant à améliorer le sort des femmes, ou bien séché les votes. (...)