
Dans nos familles, les bonnes nouvelles se font de plus en plus rares. Le plus souvent, à la question triviale : “Comment ça va ?”, la réponse devenue autant rebattue devient : “On se maintient...”. Ainsi, le mariage de mon neveu, à la mode de Bretagne comme de Grèce samedi dernier a été l’occasion de fêter et de souhaiter pour une fois le meilleur. Comme pour cette Grèce déjà des plages sous le soleil... on se laisse débrancher. (...)
Et en ce mariage... à la grecque, la politique a été complètement absente des discussions, contrairement il faut dire aux usages du passé. Le pays réel ne gâche plus son rare temps festif pour revenir dans la boue et dans le poison. Preuve s’il en était besoin que le succès de la soirée ne faisait aucun doute, et qu’accessoirement, l’herbage politique est définitivement classé... offshore, apparenté à une sorte d’au-delà, concret comme autant symbolique.
Même un ancien élu local de notre commune d’origine, du temps où elle n’était pas encore rattachée administrativement à la ville voisine, c’est-à-dire avant la reforme de 2010, il n’a pas évoqué un seul instant les affaires communes... comme si ces dernières n’existent alors plus. Le temps est révolu, celui en tout cas des discussions politiques agitées à l’occasion des mariages et des baptêmes. (...)
le village Thessalien, le nôtre, a perdu près de 350 jeunes habitants sur un total de 1400 habitants en 2010. Ils se sont installés en Allemagne, et parfois en Suisse, au Royaume-Uni, ou à Chypre. La dernière... foutaise en date de Tsipras quant à la supposé reprise de l’économie liée à la fin du mémorandum ne les concernera plus jamais, et même ceux qui restent au pays, n’ont plus envie de souiller leurs agapes en évoquant de tels sujets si bas. Après tout, les mariages sont si rares dans nos familles pour les gâcher de la sorte.
Notre cousin Thymios, très digne retraité... à 590 euros par mois, s’est souvenu de sa vie professionnelle intense ; serveur dans les restaurants de la Pláka sous l’Acropole au début des années 1970, au salaire élevé, et aux pourboires ayant un sens, tant le pouvoir d’achat des touristes leur était favorable du temps de la drachme. Par la suite, il a progressé, il a ouvert son propre restaurant dans une petite Cyclade et il ne s’est jamais ennuyé il faut dire. “Aucun très bon serveur de notre époque ne peut économiser sur son salaire pour monter son affaire quelques années plus tard”, précise-t-il en soupirant.
Dans Athènes des salaires en euro, certaines affiches expriment le désarroi, celui que nos touristes ne peuvent hélas pas lire : “Aucune maison saisie, ne doit être mise en vente forcée”, mais ce n’est guère évident. SYRIZA est passé par là, après tous les autres escrocs de la politique. Nous attendrons les nouvelles de la famille depuis la frontière entre l’Allemagne et la Tchéquie, et contemplerons alors si possible la belle mer d’Attique... tout en étant surveillés par nos animaux adespotes. “Abra Cat Abra”. (...)