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Manifestations et grève au Soudan : le pouvoir face à une contestation quasi inédite
/AFP
Article mis en ligne le 24 décembre 2018

Un mouvement de grève a débuté lundi au Soudan, dans le sillage de manifestations contre le prix du pain assombries par des heurts meurtriers et qui se sont transformées en l’une des plus importantes contestations en trois décennies du pouvoir d’Omar el-Béchir.

L’appel à la grève a été lancé dimanche par un rassemblement de professionnels de différents secteurs, alors que des manifestations étaient encore organisées jusque tard dans la soirée dans plusieurs villes dont Oumdourman, voisine de la capitale Khartoum

Les hôpitaux ont été les premiers à rejoindre ce mouvement de grève, qui "a commencé à 08H00 (06H00 GMT) (lundi) matin", a confirmé à l’AFP Mohamed al-Assam, membre du comité des médecins au sein de ce rassemblement.

Cette organisation a affirmé dans un communiqué qu’elle comptait remettre mardi au palais présidentiel une demande officielle exigeant la "démission immédiate du président en réponse à la volonté du peuple soudanais" et la "formation d’un gouvernement transitoire".

Lundi matin, des médecins avaient eux placé devant un hôpital public du sud de Khartoum des pancartes sur lesquelles était écrit : "médecins en grève, seulement les cas d’urgence", selon un journaliste de l’AFP.

Le mouvement de colère d’une partie de la population, qui a touché jusque-là une dizaine de villes du pays, a été déclenché mercredi dernier par la décision du gouvernement de tripler le prix du pain, dans un pays en plein marasme économique.

Les manifestations ont fait au moins huit morts -six à Al-Gadaref (est) et deux à Atbara (est)- lors de heurts avec les forces anti-émeutes, selon des responsables et des témoins. Mais des bilans plus lourds sont évoqués. (...)

Après les premières revendications contre la "cherté" de la vie, des rassemblements sont désormais ponctués du slogan "Le peuple veut la chute du régime" tiré du printemps arabe de 2011.

"La raison principale des manifestations est économique et liée aux prix élevés, mais les racines de la crise (...) sont politiques", estime Abdellattif al-Bouni, professeur de sciences politiques.

Selon lui, "l’échec des politiques gouvernementales, les erreurs et la mauvaise gestion" expliquent la colère de la population. (...)

Suspecté par la Cour pénale internationale (CPI) de crimes contre l’humanité, crimes de guerre et génocide au Darfour (ouest), M. Béchir, 74 ans, est considéré par les experts comme un dirigeant autoritaire et imprévisible.

Le parti au pouvoir du Congrès national a affirmé comprendre la colère de la population face à la situation économique. Mais son porte-parole, Ibrahim el-Sadik, a accusé "les partis de gauche qui souhaitent déstabiliser l’appareil d’Etat" et Israël d’être à l’origine de ces protestations.