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Manifestation contre la désastreuse centrale à biomasse de Gardanne
Article mis en ligne le 6 octobre 2014

Dimanche matin, quatre cents manifestants sont venus dénoncer à Gardanne (Bouches-du-Rhône) le projet faussement écologique de la société E.ON. La multinationale de l’énergie veut transformer une unité de la centrale thermique de Provence pour y faire brûler des masses énormes de bois.

Ce dimanche matin, encerclés par l’imposant marché hebdomadaire de la ville ouvrière, quatre cents manifestants sont venus dénoncer une « biomascarade ». Elus, responsables d’associations, syndicalistes, citoyens, ils viennent des territoires concernés par l’aire d’approvisionnement en bois de la centrale et par les nuisances de son fonctionnement : Cévennes, Luberon, Pays de Forcalquier, Hautes-Alpes, Baronnies Provençales, Pays d’Aix, Gardanne, Marseille.

Durant une heure et demie, les prises de parole se succèdent sur le parvis de la mairie. Claude Calvet, du Collectif vigilance citoyenne sur la biomasse de Gardanne, dénonce la spéculation financière menée par E.ON, avec l’aide des subventions publiques. (...)

Selon Nicholas Bell, du Collectif SOS forêt du sud, « l’appétit démentiel du mastodonte E.ON » n’est pas un cas isolé. Le recours à la biomasse se fait de plus en plus à travers le monde. Il s’agit de « fausses solutions écologiques qui sont de véritables menaces pour la planète de la même façon que les agro-carburants ». Il donne l’exemple du Royaume-Uni où le développement industriel de la biomasse nécessiterait 60 millions de tonnes de bois par an. Ce qui correspond à neuf fois la production forestière de l’ensemble du pays.

D’autres membres de collectifs et d’associations font part des difficultés économiques et environnementales imposées par la centrale sur leur territoire. Tous s’accordent pour dire que c’est la régénération de la forêt méditerranéenne qui sera mise à mal.

Des syndicalistes de l’Office National des Forêts, CGT et solidaires, assurent que l’ensemble des organisations professionnelles de leur secteur sont opposées. (...)

Après la dispersion du rassemblement en centre-ville, une trentaine d’opposants au projet d’E.ON se sont rendus en voiture à la centrale pour rencontrer les ouvriers. Alors que les voitures font le tour du rond-point devant la centrale pour chercher à se garer, quelques ouvriers se montrent agressifs. « Rentrez chez-vous ! Vous savez que ça va mal se passer ! » lance l’un d’eux.

Les gendarmes sont présents, prêts à s’interposer. Les opposants à E.ON s’approchent en groupe du portail de l’usine. Une quinzaine d’ouvriers roulent des mécaniques en allant vers eux. Ils se rencontrent aux abords du rond-point. Sous la conduite du secrétaire générale CGT, Nadir Hadjali, la discussion s’engage entre les deux groupes. Elle est cordiale et les plus véhéments renoncent à en venir aux mains. (...)

Les anti E.ON proposent de faire se rejoindre les luttes et de « réfléchir ensemble sur comment on consomme et comment on travail ». Nadir Hadjali leur répond : « Si vous continuez à demander la fermeture de la centrale, vous nous verrez jamais avec vous. Je veux que ma fille ait à manger. Demander la fermeture de la centrale, c’est une attaque directe aux familles ».

Tous tombent d’accord sur le fait que « ce qu’il faut abattre, c’est le capital ». L’autre secrétaire général CGT de la centrale, Nicolas Casoni précise qu’il ne défend pas « l’appétit capitaliste des patrons ». Il ne veut pas pour autant de « décroissance ». Son syndicat réfléchit aussi aux problèmes environnementaux et souhaite apporter des solutions.

La centrale est desservie par une ligne ferroviaire et il propose le doublement de la voie pour faire venir le bois en train. Les deux secrétaires généraux ont été mis-à-pied par la direction d’E.ON puis réintégrés durant la dernière grève.

Les cégétistes demandent aux anti E.ON pourquoi aucun d’eux n’est venu les soutenir et les rencontrer durant les six mois de lutte qu’ils ont traversés. La discussion se termine avec des échanges de coordonnées dans le but de se revoir pour la poursuivre.