
C’est l’hiver, certes doux, et... c’est le pays où les habitants meurent à petit feu. Cette semaine, l’actualité a encore tourné autour du pot cassé, sans répondre, même partiellement, aux flagrantes apories humaines réellement existantes. Plus de deux cent mille personnes (près de cent mille d’après le comptage de la police), se sont rassemblées à Thessalonique pour s’opposer à la réouverture des négociations entre la Grèce et la Macédoine slave, surtout à l’utilisation par cette dernière du nom historique de “Macédoine”. Autrement-dit, l’ex-République Yougoslave de Macédoine, au sujet de sa désignation définitive officielle (et ainsi enfin acceptée par les deux pays). Macédoine... et alors légumes !
(...) Dans les faits, la Macédoine slave est pour la plupart des autres pays la Macédoine tout court, et il suffirait d’ôter de sa Constitution ces alinéas directement irrédentistes “quant à la libération de l’ensemble de la Macédoine”, puis côté grec, rechercher le compromis sans forcément la compromission, pour enfin avancer. Car sinon, les liens commerciaux et même touristiques entre les deux pays sont plus que bonnes aux dires de tous.
Et pourtant l’affaire est pourtant un peu plus compliqué (ou alors plus simple, c’est selon). Car l’initiative des négociations actuelles entre les deux pays pour un contentieux ayant occupé déjà le devant des deux scènes politiques respectives au début des années 1990, revient en réalité aux États-Unis (et dans une moindre mesure à l’U.E.). D’après la géopolitique actuelle, la Macédoine Slave devrait trouver enfin son nom définitif car face à la Russie, le temps long (tout comme les urgences) politiques des États-Unis, devraient conduire ces... autres pays restants dans les Balkans, dans le très exact giron de l’OTAN. Tout simplement. (...)
Le grand rassemblement de Thessalonique fut patriotique... folklorique, pathétique et pour tout dire hétéroclite. Les députés du parti de Kamménos... le patriote mémorandaire y étaient présents, et parmi eux, l’ex-ministre adjoint de l’Éducation ex-Nationale très fraîchement démissionnaire, Kóstas Zouráris, ancien de mai ’68 à Paris, et entre autres ex-universitaire suffisamment baladin, lequel avait été pris à partie par la foule, pour finalement être sauvé du passage à tabac in extremis par la police
Le rassemblement de Thessalonique, préfigurant celui organisé à Athènes pour le 2 février prochain, a avant tout, réuni tous ceux qui ne se reconnaissent plus aux partis (et surtout aux partis de gauche), autrement-dit, l’immense majorité des Grecs en ce moment. Il a ainsi et d’emblée cristallisé toute la haine comme le ressentiment vis-à-vis de cette fin de l’histoire politique du pays, celui que SYRIZA a décidément accompli avec tant... d’enthousiasme en 2015. Plus que la question Macédonienne (pratiquement... réglée dans un sens), c’est un avertissement fort, adressé aux pseudo-dirigeants. Rien de très constructif certes, et pourtant une volonté claire à ne plus poursuivre dans la voie de l’humiliation et de la mise à mort du pays et de son peuple dans sa majorité (culture et histoire comprises).
Ceux de l’Aube Dorée y étaient évidemment et bruyamment présents, sauf qu’ils ne tirent, et ne tireront plus me semble-t-il vraiment bénéfice de ce type de manifestations et de situations. D’abord, aux yeux des Grecs les néonazis de l’Aube Dorée n’ont pas la propriété de la défense du pays, et ensuite, depuis l’escroquerie SYRIZA, on se dit qu’il va falloir rester vigilent “rien que parce que les Aubedoriens peuvent être un leurre posé et imposé par certaines puissances étrangères”, telle semble être en tout cas, la doxa populaire du moment, et dans un sens c’est mieux ainsi. (...)
C’est ainsi l’hiver, certes (presque) doux au pays, les amandiers fleurissent, nos animaux adespotes s’installent au soleil, belles prémisses du Printemps, sauf que c’est au pays où les habitants meurent pourtant à petit feu. (...)
Sauf que le soleil à lui seul n’a jamais fait (toute) l’affaire. Devant le ras-le-bol généralisé, tout le monde sent qu’il y a place en Grèce pour un mouvement conservateur, souverainiste, populaire, et de droite, ce que la Nouvelle Démocratie de Kyriákos Mitsotakis n’est certainement pas, et ce que l’Aube Dorée aux globules néonazis prétend l’être sans convaincre.
La doxa grecque du moment croit attendre... l’homme fort, le militaire, voire, le dictateur qui mettra fin déjà aux humiliations, car “pour ce qui est de la crise c’est fichu”, comme ont dit alors très largement en Grèce. Sinon, les Grecs se détachent de la politique, des nouvelles et ne s’occupent progressivement que de leurs affaires supposées privées comme surtout de survie, une réalité qui désormais fait plutôt référence aux... particularités populaires sous les régimes communistes des pays de l’Est entre autres.
On prête alors au général Frangoulis des ambitions politiques, et si cela se confirme, nous verrons peut-être une nouvelle canalisation (et récupération systémique ?) de l’expression politique du ras-le-bol, à droite cette fois-ci, après avoir vécu le piège très préparé de SYRIZA à gauche. Peut-être. Cela-dit, depuis le grand rassemblement de Thessalonique, on observe ce paysage des... légumes politiques grecs se mettre en ébullition... alors gare à la soupe ! (...)
Quotidien grec, déliquescences. Le voisin, pourtant médecin qui n’accompagne pas son voisin seul, à bord de l’ambulance lors d’un malaise, puis, toujours d’après le reportage de “To Pontíki” , cet homme qui a subi un malaise et qui s’effondre dans une rame du métro d’Athènes, et voilà que seulement deux personnes à bord du wagon (plein) qui se sont penchées sur son cas. Tous les autres, Grecs comme migrants laissant ainsi éclater... leur colère grognassant. “Dégagez-le enfin... le connard, il nous gêne, on a autre chose à faire que de perdre notre temps.” Le corps... encore animé a finalement été récupéré par une ambulance six stations de métro plus loin, le tout, devant un corps social visiblement inanimé.
La Grèce n’est plus la même, pour ne pas dire la Grèce n’est plus. La destruction du lien, de cette “filia” à minimum nécessaire pour que société et communauté subsistent autant que faire se peut entre les humains d’après Aristote, a manifestement été broyée en huit ans de mémorandum... voilà le beau résultat. (...)
Alexis Tsipras, (encore) depuis à Davos cette semaine, vient de répéter combien et comment le moment de la sortie du pays de la surveillance troïkanne serait alors proche, puisque d’après les médias ERT (service... public), “Tsipras a eu une réunion avec le commissaire des Finances Pierre Moscovici, qui a indiqué que la Grèce a passé dans une nouvelle phase de consolidation de la confiance et la fiabilité” .
La très... bonne blague. (...)
“La Grèce serait donc sortie de la crise, mais comment qualifier une situation où plus de 35% des grecs sont sous le seuil de pauvreté, où la moitié d’entre eux vivent d’une pension de retraite - la leur ou celle de leurs parents - où sept jeunes sur dix âgés de 18 à 35 ans rêvent de partir à l’étranger ? Quel avenir peuvent-ils attendre d’un pays dont le montant de la dette publique correspond à 178% du PIB, et où la croissance devra prioritairement financer son remboursement, à moins qu’une nouvelle crise de la dette ne le mette à nouveau à terre ? La vérité toute simple est qu’un tel pays ne peut pas prétendre au développement mais tout juste assurer la survie de ses habitants, et ce pour très longtemps.” (...)
“Quand j’étais jeune, au moins, on se moquait encore du professeur, grand-père éthéré qui perdait son chapeau. Aujourd’hui, personne ne rit plus, on se prend à se crisper, à se recroqueviller, à se sentir mal à l’aise à la vue des bonshommes assemblés, les spécialistes, qui s’attaquent à notre peau, transforment nos gènes, s’immiscent dans nos rêves, modifient le cosmos, enfoncent leurs petites aiguilles dans nos centres nerveux, tripotent nos organes internes, intimes, auxquels personne ne devrait toucher !” (...)
*