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Lutte anti-carcérale = lutte sociale ?
« C’est dans les prisons que l’idée de liberté prend le plus de force et peut-être ceux qui enferment les autres dedans risquent-ils de s’enfermer dehors » - Jean Cocteau -
Article mis en ligne le 4 mai 2014
dernière modification le 28 avril 2014

Militer contre le monde carcéral, c’est se battre pour une société basée sur d’autres valeurs que l’exclusion. Cette revendication de principe est à la base des luttes sociales qui ont façonné le XXème siècle. C’est en les étudiant qu’on est à même de comprendre ce qui poussent les détenu-es à se battre pour des libertés.

La prison étant par définition une privation de liberté, il est intéressant de voir quels sont les autres mécanismes qui privent les individus de liberté et amènent des revendications communes à la prison et aux mouvements sociaux. Les luttes sociales nous apportent sur ce point des réponses qu’il est intéressant de mettre en lien avec la prison. Elles se sont en effet principalement organisées autour de quatre thématiques au cours de ces dernières décennies.

La lutte contre le capitalisme

La plus ancienne est la lutte contre le capitalisme qui traverse tout le XXème siècle avec l’affirmation des droits face à l’arbitraire des logiques de rentabilité. Cette dimension se retrouve très souvent en prison où les combats sont menés pour de meilleures conditions de vie et un confort minimum. La lutte pour une amélioration de l’alimentation et des conditions de détention menée à Nancy au début des années 1970 a d’ailleurs conduit à une révolte qui fit éclater au grand jour les déboires inhérents à la misère quotidienne (sous-alimentation, cellule insalubre, manque de chauffage, restriction des échanges avec l’extérieur ...). Ce durcissement des conditions de détention qui s’applique aujourd’hui à travers la privatisation de certaines prisons s’inscrit dans une logique punitive que l’on retrouve en prison comme dans la société. Les plus démunis sont toujours les premières victimes d’un système qui fonctionne sur la reconnaissance de statut par les richesses. (...)


La lutte contre la racisme

La lutte contre le racisme est également emblématique d’un combat pour la liberté qui trouve tout son sens en prison. (...)
La logique raciste qui voudrait que les étrangers soient plus délinquants parce qu’inassimilables se trompe de problème ; ce sont bien les institutions, par des politiques inadaptées, qui génèrent les frustrations sociales. Le manque de dialogue, la stigmatisation de l’islam et des Roms, ou l’accumulation d’argent comme modèle de réussite, sont les facteurs qui font des étrangers des cibles de la répression qui mènent à la prison. (...)


La lutte contre le sexisme

La lutte contre le sexisme est une lutte moins connue en milieu carcéral mais non moins importante sur le plan des discriminations. (...)

La lutte pour la reconnaissance des droits homosexuels

Comparée aux luttes pour la reconnaissance de l’égalité des femmes, la lutte pour la reconnaissance des droits homosexuels est plus récente et moins connue. (...) Les prisonniers étant souvent considérés comme des déviants sociaux, le fait d’être homosexuel-le en prison constitue une double stigmatisation d’autant plus pénalisante.


La reconnaissance des droits pour les LGBT

s’inscrit dans les luttes anti-carcérales car elle permet de comprendre l’importance des rapports de genres et les discriminations qui structurent la population carcérale. Pour mettre à mal l’intolérance qui nourrit ces inégalités en prison, il est donc nécessaire de reconsidérer nos jugements quant aux choix d’orientations sexuelles. (...)


La liberté est l’arme anti-carcérale

Nous avons choisi l’approche des luttes contre le capitalisme, le racisme et le sexisme par la question de liberté qu’elles soulèvent : la liberté d’être ce que l’on est. La liberté d’être ce que l’on veut. La lutte contre le milieu carcéral ne peut donc s’entreprendre sans un questionnement profond des rapports sociaux qui y poussent certaines catégories plutôt que d’autres. En favorisant l’émancipation des individus discriminé-es, les luttes sociales réduisent les failles d’injustice dans lesquelles se glisse la logique carcérale. En faisant le pari de la liberté par l’émancipation, ces luttes combattent l’ignorance et le rejet de l’autre, qui constituent les bases de la prison.

La société nous impose ses codes et nous le fait savoir à chaque moment de nos vies. (...)

Comme le militantisme ne se fait pas qu’entre étudiant-es, je me permets de citer un détenu qui disait lors d’un atelier : « Quand je vois ceux qui sont dehors, avec leur banquier, leurs dettes et leur Facebook, je me sens libre. C’est eux les esclaves. Moi, je sais ce que je veux, quand je vais sortir je vais me barrer d’ici ; eux, ils y resteront. »