
Parmi les grandes inquiétudes culturelles du nouveau siècle, celle qui concerne la lecture n’est pas la moindre. Elle mobilise les esprits, elle meuble les conversations, elle surgit au droit de la plupart des analyses de l’époque. Parlera-t-on de crise de la lecture, de désaffection radicale, de mutation ?
C’est le parti pris de cet ouvrage, d’un ouvrage sur les ouvrages (lus, à lire) en quelque sorte, d’un appel à la lecture portant sur la lecture, ses modalités, et le nombre de lecteurs.

Un parti pris qui s’ouvre d’ailleurs sur une difficulté, puisque chacun a remarqué depuis longtemps que, dans les débats portant sur un tel thème, on confond allègrement la lecture avec la lecture du livre, et la lecture du livre avec la lecture du livre littéraire. Débats faussés, alors ? C’est à lire.
Une première remarque, pour ceux qui ne connaîtraient pas Les Cahiers du livre : Il s’agit d’une série d’ouvrages de recherche et d’analyse, copubliés par le pôle des métiers du livre de l’IUT Michel-de-Montaigne et les Presses universitaires de Bordeaux. L’objet de ces Cahiers est de s’intéresser aux arcanes des métiers du livre. Il accomplit cette tâche en deux parties, dont l’une consiste en “entretiens professionnels” (sociologues et éditeurs) et l’autre en “études éditoriales” lectorats, études de cas. (...)
Une deuxième remarque, cette fois, pour ceux qui auraient oublié que le livre (au sens moderne, donc ni le papyrus, ni le manuscrit) et la lecture (individuelle, et non celle des réfectoires de couvents) ont une histoire : il faut d’abord se remémorer les batailles des Lumières en faveur du livre, entendu ici encore une fois au sens moderne du terme, pour comprendre certaines réactions contemporaines devant la désaffection dont nous parlons ici, au travers de cet ouvrage. (...)