« C’est non ! » La ville de Lille s’élève contre le nouveau contrat publicitaire passé par Ilévia avec JCDecaux et Métrobus. Dans le collimateur de la mairie, l’implantation de 80 écrans de réclame numériques aux arrêts de bus.
« Une démarche invasive de l’espace public », « incommodante, aberrante, dangereuse ». La ville n’y va pas de main morte. Dans un communiqué de presse, la mairie tire à boulets rouges sur le contrat publicitaire passé entre le réseau de transports Ilévia et le duo JCDecaux et Métrobus. Un point, surtout, suscite l’ire municipale : la multiplication des écrans de réclame numériques dans les rues.
Le combat, à Lille, n’est pas neuf. Martine Aubry avait déjà bataillé, en vain, contre l’écran géant du Furet du Nord, Grand-Place. Cette fois, ce sont non pas une, mais 80 télés qui vont apparaître sous les arrêts de bus, donc dans l’espace public, à compter d’avril 2020. La métropole compte un millier d’abris de bus et de tram, mais la ville-centre, dotée de riches réserves de temps de cerveau disponible, concentrera vraisemblablement l’offre.
« C’est intrusif »
« C’est intrusif, ça consomme beaucoup d’énergie et c’est une distraction pour les personnes en circulation », cogne l’adjoint au maire centriste en charge du cadre de vie, Jacques Richir. Bref, tout l’inverse des objectifs affichés par le futur règlement local de publicité intercommunal, qui encadrera l’affichage commercial dans les communes de la MEL. En attendant ce RPLI, Jacques Richir et la ville appellent, sans guère d’espoir, « Ilévia à revoir la nature de son contrat avec ses prestataires afin d’anticiper l’application du règlement ». Sollicitée par La Voix du Nord, la MEL se dit de son côté « vigilante à ce que le contrat respecte les règlements en vigueur, et notamment le futur RLPI qui sera soumis au vote du Conseil métropolitain en décembre prochain ».
« Un lobby puissant » (...)
« On peut perdre devant les tribunaux, concède l’élu. Le lobby de la publicité est puissant, très procédurier, et il a de très bons avocats. »
À quelques mois des élections, Jacques Richir prend soin de bordurer les écolos lillois, dont le candidat Stéphane Baly prône le bannissement total de la pub dans les rues : « On est philosophiquement pour l’interdiction, mais ce n’est pas faisable, sauf à s’exposer à de coûteuses procédures judiciaires. On ne va quand même pas verser des dommages et intérêts à des groupes publicitaires, ce serait le comble… »