
Selon le Haut-commissariat des Nations unies pour les droits humains, plusieurs tentatives de suicide de migrantes ont eu lieu dans le centre de détention de Sharah Zawiya, à Tripoli. Les femmes enfermées dans cette prison, décrite comme un "centre d’hébergement pour personnes vulnérables" par les autorités libyennes, y sont victimes de violences sexuelles commises par leurs gardiens.
C’est un aspect de l’enfer libyen rarement exposé au grand jour. Pourtant, l’ampleur des violences sexuelles commises en Libye sur les migrants est considérable. Dans certains centres de détention de ce pays en proie au chaos, les agressions sexuelles sur les femmes migrantes sont quasi-systématiques.
Ce centre géré par le département libyen de lutte contre la migration illégale (DCIM, selon l’acronyme anglais), sous l’autorité du ministère de l’Intérieur, est censé être réservé aux "populations vulnérables". Mais les femmes et les enfants qui y sont enfermés sont privés de leurs mouvements et surveillés uniquement par des hommes. (...)
Les femmes doivent notamment demander la permission aux gardes d’aller aux toilettes. C’est souvent là qu’ont lieu les agressions (...)
Le HCDH n’a pas obtenu d’accès aux centres de détention du DCIM depuis 2018 en raison de restrictions sanitaires, de coupes budgétaires et de blocages des autorités. Face à ces accusations d’agressions, l’organisation dit demander au gouvernement libyen "de mener des enquêtes approfondies, transparentes et impartiales, de suspendre le personnel de la DCIM soupçonné d’avoir commis un tel crime et de le traduire en justice". Une aide peut également être apportée aux victimes qui souhaitent porter plainte.
Impunité
Mais l’impunité reste la règle en Libye pour les auteurs de crimes sexuels. "Aucun compte à rendre pour les auteurs de ces abus contre les femmes qui ont été ramenées en Libye par [les gardes côtes libyens]. Une majorité des femmes réfugiées évacuées des centres de détention où elles étaient détenues depuis plus de neuf mois avaient des enfants ou étaient enceintes à cause des viols commis par les gardes", a réagi au tweet du HCDH Vincent Cochetel, envoyé spécial du Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés chargé de la Méditerranée centrale. (...)