
Quatre mois après le début du conflit en Libye, la confusion règne toujours à l’ouest du pays, en proie à de violents affrontements entre les forces pro-Kadhafi et les rebelles. Aucune organisation humanitaire n’a accès à cette région du pays, les déplacements n’étant possibles que dans les villes libérées par l’opposition.
Donatella Rovera, conseillère sur la réaction aux crises à Amnesty International, est rentrée de Libye après trois mois passés à arpenter les villes de Misratah, Benghazi, Ajdabiya et Ras Lanouf. Son témoignage éclaire certaines zones d’ombres.
On n’a pas vu de mercenaires, sauf si cela s’est passé dans l’ouest où nous n’avons pas accès. Nous avons rentré des étrangers et des Libyens noirs qui ont été pris pour cible par les anti-Kadhafi. Le comportement des combattants de l’opposition à leur égard pose question. Ils ont commis des violations graves.(...)
Certains soirs, des raids ont été menés contre toutes les personnes soupçonnées d’avoir été proches du régime et contre celles dont on savait qu’elles avaient travaillé pour le régime de Kadhafi, notamment à la Sécurité intérieure. On a retrouvé des notes près de certains cadavres disant : « C’est le sort réservé aux chiens de Kadhafi. »
Enfin, on a eu connaissance d’actes de torture sur des prétendus mercenaires et sur des soldats faits prisonniers.
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Il faut agir maintenant. Les gens du CNT sont contre ces pratiques, je les crois sincères mais ils ne contrôlent pas la situation. Ont-ils vraiment la volonté politique de demander des comptes aux combattants rebelles ?(...)
La communauté internationale n’est pas en mesure d’exiger quelque chose de la part de Kadhafi – sur les disparitions par exemple – mais elle peut user de son influence auprès de l’opposition pour faire en sorte que les tortures et les violences cessent dès aujourd’hui. Même s’il ne s’agit pas d’une pratique généralisée, il faut faire quelque chose.(...) Wikio