Des dizaines de migrants qui se trouvaient "en détresse après plusieurs jours de mer" au large de la Libye ont été secourus dimanche par les garde-côtes libyens et ramenés en Libye. Alarm Phone, la plateforme d’aide aux migrants en mer qui avait alerté plusieurs garde-côtes européens dès samedi, dénonce une inaction criminelle. (...)
Les 71 migrants – 27 Soudanais, 15 Pakistanais, trois Palestiniens et un Syrien – ont ensuite été emmenés dans la ville de Khoms par les garde-côtes et une assistance humanitaire et médicale leur a été fournie, a pour sa part affirmé la communication de la marine libyenne. Selon cette même source, les garde-côtes ont ensuite relâché ces personnes, faute d’avoir pu entrer en contact avec des centres d’accueil dans la région. Certains médias rapportent par ailleurs que des migrants se seraient enfuis.
La Libye, une solution de dernier recours
Pour Alarm Phone, le service téléphonique d’urgence qui a alerté les garde-côtes libyens sur la situation de cette embarcation, débarquer ces migrants en Libye était une décision de pis-aller.
"C’était une solution de dernier recours, mais c’était ça ou laisser ces personnes couler, car elles n’avaient aucune chance de rejoindre l’Europe", précise Maurice Stierl, porte-parole d’Alarm Phone, joint par InfoMigrants. "Les garde-côtes libyens sont incompétents, parfois violents envers les migrants et n’ont aucun respect pour les procédures." (...)
Selon le HCR, la Libye ne dispose en effet pas de port sûr pour débarquer les naufragés, comme l’exige le droit maritime international. (...)
Alarm Phone, qui a dénombré 56 personnes à bord du bateau, avait contacté dès samedi plusieurs garde-côtes européens ainsi que la force navale européenne en Méditerranée (Eunavfor Med) pour leur demander d’intervenir, en vain, avant de se décider à se tourner vers les Libyens. "C’est un cas clair de non-assistance à personnes en danger", fulmine encore Maurice Stierl. "C’est scandaleux que toutes les personnes contactées, qui étaient donc au courant de la situation, aient choisi de ne rien faire pendant des heures. Les autorités, dont la France et la Libye, étaient même au courant de la situation de ce bateau plusieurs heures avant nous", continue-t-il, dénonçant des comportements "criminels et honteux".