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Libération et Marine Le Pen : abus de sondage
Article mis en ligne le 14 janvier 2012

Nous voici à une centaine de jours du premier tour de l’élection présidentielle. De nombreuses candidates et candidats sont désormais en campagne, et les apparitions dans les médias de masse se multiplient sous différentes formes. Mais la solide invariable de l’équation médiatique est la commande de sondages, ces thermomètres censés mesurer « l’opinion », assortis de leur publication et de leur interprétation.

Le 9 janvier, Libération nous livrait ainsi son dernier sondage commandé à Viavoice. Le résultat de ce sondage fait la « Une » du quotidien. Son titre révèle ainsi « l’information » que la rédaction estime la plus importante : « 30% n’exclueraient pas de voter Le Pen » (Nous avons gardé la faute d’orthographe pour rester rigoureux dans la citation). Le journal consacre alors quatre pages à Marine Le Pen, faites de témoignages recueillis dans des lieux où les idées de l’extrême-droite s’implantent et de « décryptage » des résultats du sondage. (...)

Voici la question précise : « Si le premier tour de l’élection présidentielle avait lieu dimanche prochain, pourriez-vous voter pour Marine Le Pen ? ». Les réponses se divisent en 5 catégories : 8% « Oui, certainement » ; 10% « Oui, probablement » ; 12% « Non, probablement pas » ; 68% « Non, certainement pas » ; 2% « Ne se prononce pas ». À partir de ces résultats, les commentateurs ont jugé valable le calcul prosaïque suivant : en additionnant les trois premières catégories, on atteint le chiffre magique – et spectaculaire – de 30%, qui peut dès lors occuper la « Une »... (...)

il suffit que la question soit modifiée dans le même sondage pour qu’immédiatement les résultats changent radicalement. Dans la catégorie « souhaits de victoire de candidats », Le Pen passe de 17% en août 2011 à 15% en janvier 2012… Nous sommes donc très loin des 30% des électeurs qui n’excluraient pas (sans « e ») de voter Le Pen (...)

Le déferlement de sondages sur la « dynamique » du Front National continue donc. Souvenons-nous que l’année dernière, Libération avait publié en « Une » du 7 mars 2011, « Le Pen à 23% : Le sondage qui dérange ». Le Parisien, la veille, en faisait de même, « Sondage – présidentielle : Marine Le Pen en tête du 1er tour »… alors que nous étions à 13 mois du premier tour du scrutin, avec encore aucun candidat déclaré ! Souvenons-nous aussi de Dominique Strauss-Kahn qui était le « champion » de la gauche et qui a fini disqualifié. Tous ces sondages n’ont guère de pertinence à des dates aussi éloignées des échéances. Mais le pire est que ce genre de pratique peut entretenir, voire contribuer à créer un dynamisme autour de tel ou tel candidat. Tels des prophéties auto-réalisatrices, les sondages peuvent contribuer, en imposant de manière récurrente les personnalités « favorites », à fausser les scrutins. (...)

En effet, la fréquence de ces sondages entérine dans le champ médiatique un affrontement qui paraît inéluctable pour le premier tour de l’élection présidentielle
(...)

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