
Les maires de Budapest, Bratislava, Prague et Varsovie se sont rendus mercredi à Bruxelles pour demander à la Commission un accès direct aux fonds communautaires au nom de la transparence et de la transition environnementale.
Combattre le populisme de l’intérieur par une démonstration de bonne gouvernance. C’est la mission que se fixent les maires de Budapest, Bratislava, Prague et Varsovie, jeunes élus libéraux, progressistes et pro-européens dans les pays du groupe de Visegrad (Hongrie, Slovaquie, Tchéquie et Pologne) plus réputés pour leurs entorses à l’Etat de droit et leurs scandales de corruption. Mais pour arriver à leurs fins, ils cherchent des fonds. Ce mercredi 12 février, ils se sont rendus à Bruxelles, où les négociations pour le budget 2021-2027 battent leur plein, pour demander à la Commission européenne de mettre en place des fonds communautaires directement destinés aux grandes villes.
Leur plan, présenté au vice-président de la Commission, Frans Timmermans, prévoit que 10% des fonds de cohésion alloués par l’Europe aillent directement aux villes. Sur la période 2014-2020, le total de ces fonds de cohésion représentait 63,4 milliards d’euros. Du point de vue des maires, éviter l’échelon national réduirait la bureaucratie et les risques que l’argent s’évapore dans les méandres de la corruption. Certaines municipalités craignent aussi que les gouvernements nationaux les raient de la liste de bénéficiaires. (...)
Ces maires progressistes ont aussi mis en avant la transition écologique qu’ils veulent mener dans leurs villes à un rythme bien plus rapide que celui envisagé par les gouvernements centraux. Sur ce point, ils ont trouvé des alliés ailleurs en Europe. Les maires de quinze grandes villes européennes, dont Berlin, Athènes, Milan ou Strasbourg, ont également adressé mercredi une lettre à la présidente de la Commission européenne demandant des fonds communautaires pour mener la lutte contre le changement climatique « qui sera gagnée ou perdue dans les villes ». Ces municipalités font valoir qu’elles peuvent agir plus vite que les gouvernements et qu’elles sont aussi moins soumises au lobbying de l’industrie des énergies fossiles. (...)
Leur initiative a toutefois peu de chances d’aboutir. D’une part, Bruxelles distribue pour l’instant les fonds communautaires directement aux Etats et n’a pas de moyens de les contraindre à les reverser aux villes. D’autre part, attribuer des subventions spécifiques à des villes, comme Budapest, Bratislava, Prague ou Varsovie, qui sont déjà des poches de richesse, apparaîtrait économiquement injuste, surtout si ces fonds devaient être prélevés sur les fonds structurels européens dont la mission est de lisser les inégalités dans l’Union.