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Libération
Les vieux ne sont pas tout à fait comme on les voit
Article mis en ligne le 7 juin 2022

Une enquête du Centre d’éthique clinique de l’hôpital Cochin et de l’association Vieux et chez soi, à partir de plus d’une centaine d’entretiens, pointe une image toute différente de nos aînés, loin des clichés ambiants. Ils veulent vivre, et surtout ne pas qu’on les enferme dans l’univers clos de la vieillesse.

C’est quoi vieillir ? La vieillesse est-elle une identité ? Que pensent les vieux de la médicalisation de leur âge ? Veulent-ils s’en prémunir ou bien est-ce pour eux une façon de bien vieillir que d’être entourés de médecins ? (...)

Une enquête qui casse les clichés et montre l’urgence d’écouter les vieux pour comprendre ce qu’ils vivent et ce qu’ils souhaitent. (...)

« Menace de la dépendance »

Les résultats de ces entretiens sont surprenants. Et vont à l’encontre des idées de départ : dans la grande vieillesse, il n’y a pas un moment de rupture où tout bascule. « Les vieux et vieilles que nous avons rencontrés ont déconstruit notre concept de bascule. Pour eux, on peut être un jour à la bascule et le lendemain ne plus y être. En tout cas, si l’on y est, on fait tout pour en sortir. C’est un risque, mais sur lequel ils ne souhaitent pas s’appesantir, et ils ne veulent pas l’anticiper. C’est la condition sine qua non pour continuer de vivre bien. Les vieux refusent de se laisser envahir par la crainte de la bascule » (...)

« La médicalisation ? Ils font ce qu’il y a à faire pour se soigner, mais ils tiennent le plus possible la médecine à distance, en refusant là aussi de se laisser envahir par elle ».

En d’autres termes, si la santé est une occupation, elle n’est pas une préoccupation. « Ce qui les inquiète, c’est la menace de la dépendance. » Quant à la nécessité de devoir aller un jour en Ehpad, « c’est certes une crainte, mais, là encore, les personnes que nous avons rencontrées sont moins définitives qu’on aurait pu s’y attendre. Beaucoup disent : “J’’irais s’il le faut…” » (...)

Sur ce point, contrairement aux clichés qui voudraient que les enfants poussent à l’institutionnalisation de leurs parents, dans l’étude « les enfants sont le plus souvent vécus comme protecteurs et prêts à défendre les choix des parents contre les services sociaux et /ou médicaux plutôt que l’inverse ».

« Continuer leur vie d’avant »

Enfin, sur la fin de vie, là aussi les vieux interrogés ne s’y attardent pas. Ils ne souhaitent « ni l’anticiper, ni y penser, ni en parler ». Et ce constat : « Alors que ce sujet était systématiquement abordé par les chercheurs, très peu de nos enquêtés se sont saisis de l’occasion pour entamer la discussion. » Là encore, ils ne veulent pas anticiper. (...)

Globalement, de cette centaine d’entretiens, deux idées s’imposent : « Les personnes âgées, voire très âgées, veulent continuer leur vie d’avant. Et cela au plus près de ce qu’elle était. » Elles souhaitent « rester en lien socialement, surtout avec des personnes de leur génération, parce que c’est ce qui permet le mieux de continuer de se sentir appartenir à la société et au monde ». Très clairement, elles ne se définissent pas comme vieilles. Et elles ne se ressemblent pas toutes. (...)

Quatre catégories émergent ; il y a ceux ou celles qui ne changent pas, « pour qui la vieillesse ne semble pas avoir de prise ». Il y a ceux ou celles pour qui le mot-clé est « autonomie », rester indépendante est leur obsession. Celles pour qui le mot-clé est « relation », avec une volonté de maintenir le contact avec les autres. Enfin, celles qui n’y croient plus, c’est presque fini, elles sont dans le retrait et elles attendent que la vie se termine.

Consulter l’enquête de VIF :

Que disent les vieux de leur vieillesse ?