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Les vies fauchées de Caracas
Article mis en ligne le 17 novembre 2017

Alors que le Venezuela est au bord de l’effondrement, incapable de rembourser sa dette, la vie de ses habitants, elle, est clairement devenue un enfer. À Caracas, la capitale, la seule chose abordable est l’essence. À moins d’un centime le litre, le liquide inflammable ne nourrit malheureusement pas. Leur subsistance, les populations vénézuéliennes la trouvent en faisant les poubelles, les invendus des marchés, avec les aides modiques du gouvernement. Les plus pauvres ramassent du papier pour le revendre à 150 bolivars le kilo, soit le prix d’une cigarette. D’autres mènent des métiers rustines : bricolage à domicile, vente de bonbons et de chips. Avant, il y avait un métier, un destin, une vie décente. Aujourd’hui, avec la crise économique et politique qui touche le pays, la grande majorité est contrainte à la survie. Beaucoup ont perdu leur emploi et s’en remettent à la débrouille. Rencontre avec le peuple de Caracas et des environs.

(...) Natacha, la fille de Natali, reste à la maison quand sa mère part collecter. Elle « garde » avec ses frères cette modique habitation de tôle sur les hauteurs d’Antimano, un quartier pauvre de Caracas. Elle et ses cinq frères et soeurs ne sont pas scolarisés. Leur mère les a retirés de l’école car ils ne pouvaient pas surveiller la maison ni l’aider, mais aussi parce qu’ils n’y sont pas nourris. Ils ne mangent qu’une fois par jour, en moyenne. Leur régime alimentaire est essentiellement composé de légumes : les protéines (viande, lait, œufs), trop coûteuses, sont un luxe qu’ils ne peuvent pas s’offrir. Pour Maritza Landaeta, nutritionniste à la fondation Bengoa, l’alimentation des Vénézuéliennes et Vénézuéliens a non seulement perdu en quantité, mais aussi en qualité. Conséquence : des carences alimentaires qui peuvent rendre les enfants plus sensibles aux maladies infectieuses et entraîner de sévères complications. En 2016, 70% de la population vénézuélienne a perdu en moyenne 8,7 kilos.