
Annoncée en octobre 2021, l’indemnité inflation de 100€ promise par le gouvernement ne concerne pas l’immense majorité des personnes incarcérées. Les détenus travaillant en prison en sont notamment exclus – une décision qui souligne une fois de plus le régime dérogatoire du travail en prison.
Un arbitrage ministériel rendu récemment est venu trancher : les travailleurs détenus, qu’ils soient employés au service général ou par un concessionnaire, ne sont pas concernés par l’indemnité inflation mise en place par le gouvernement. Seuls les détenus inscrits en formation professionnelle et ceux bénéficiant des quelques minima sociaux maintenus en détention[1] la percevront. Une décision prévisible – les travailleurs détenus ne relevant pas du droit commun –, mais qui consacre une fois de plus la zone de non-droit dans laquelle se trouvent ces derniers.
En 2022, le statut de salarié n’est en effet toujours pas reconnu aux près de 20 000 personnes détenues qui ont un emploi – soit 28 % de la population carcérale : sous-payées, privées de protection sociale, elles sont entièrement soumises aux aléas de l’offre de travail et au bon vouloir de l’administration pénitentiaire. Si la réforme du travail en prison, qui entrera en vigueur cette année, ouvre certains dispositifs de protection sociale aux personnes détenues, elle les maintiendra néanmoins dans un dispositif dérogatoire du droit commun[2].
Pourtant, les personnes les plus précaires sont surreprésentées en détention. (...)