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Le Nouvel Observateur
Les racines esclavagistes de l’histoire centrafricaine
Jean-Louis Triaud | Historien
Article mis en ligne le 26 décembre 2013
dernière modification le 21 décembre 2013

Il y a, dans l’histoire de la République centrafricaine, cette ancienne colonie française alors connue sous le nom d’Oubangui-Chari, des constantes géopolitiques qui la rattachent à un espace plus vaste entre Nil et lac Tchad.

Au XIXe siècle, l’actuel Soudan était ravagé par l’action de seigneurs de guerre esclavagistes qui allaient plus au sud capturer les marchandises humaines.

A cette époque, la recrudescence et l’extension de la traite des êtres humains à partir du Soudan et les débuts de la conquête française dans les pays du Tchad, parallèlement aux avancées des Britanniques qui remontaient le Nil, faisaient de toute cette vaste zone une région d’affrontements en chaîne et d’insécurité généralisée. (...)

Un Etat centrafricain jamais consolidé

Tout se passe comme si les chemins de ces “grandes invasions” étaient à nouveau empruntés à la faveur de l’effondrement d’un Etat centrafricain qui n’a jamais vraiment réussi, depuis son indépendance, à se consolider.

L’histoire ne se répète pas simplement, mais on en retiendra la constance de ces mouvements de descente vers le sud de groupes de coupeurs de route sahéliens, dont l’islam d’origine est d’ailleurs fort sommaire, et qui s’infiltrent dans des zones périphériques mal contrôlées par les Etats pré-coloniaux comme post-coloniaux.

On en retiendra aussi la vieille familiarité des Français et des troupes de marine avec ces adversaires.

La Séléka est un des lointains héritiers de Senoussi et les troupes françaises rejouent aujourd’hui, en Centrafrique, une scène à la fois ancienne et entièrement nouvelle.