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Sud-Ouest
Les prisons, une fabrique de la récidive ?
Article mis en ligne le 27 février 2013
dernière modification le 24 février 2013

La prison n’a plus la cote. Dans ses préconisations rendues publiques mercredi dernier, le jury d’experts de la conférence de consensus sur la récidive réunie il y a quelques mois par la garde des Sceaux a signé un violent réquisitoire contre le « tout-carcéral ». Et de manière à peine déguisée contre la politique pénale menée sous le précédent quinquennat.

«  Il y a consensus sur le fait que les conditions de détention ne permettent pas en l’état de préparer utilement la sortie et aggravent au contraire le risque de récidive pour une part de la population carcérale », écrit le jury, présidé par l’ancienne vice-présidente de la Cour européenne des droits de l’homme Françoise Tulkens. L’idée selon laquelle la prison et son lot de désespérance, de surpopulation, de violence ou d’inégalités constitue un cocktail potentiellement explosif en matière de récidive est d’ailleurs de plus en plus répandue, non seulement à gauche, mais aussi dans une partie de la droite. (...)

Et pourtant, selon les observations du groupe de travail réunissant plus de 70 experts (dont l’ancien député UMP Étienne Pinte) et emmené par la magistrate Nicole Maestracci (1), la prison reste le référentiel principal dans notre manière d’envisager la sanction, même si elle n’offre à la société « qu’une sécurité provisoire », conclut le jury. (...)

Sans aller jusqu’à encourager explicitement l’interdiction d’incarcération pour des peines inférieures à six mois, comme certains l’avaient évoqué, les préconisations censées inspirer la prochaine loi pénale prévue en juin vont sans doute au-delà de ce que le gouvernement avait envisagé. (...)

Si le Syndicat de la magistrature (classé à gauche) salue « une politique volontariste d’aménagement des peines » et une « remise en cause du dogme de l’efficacité de la prison », l’Union syndicale des magistrats (USM, centre droit) ne décolère pas. « Au nom du principe d’individualisation de la peine, le jury considère qu’il est nécessaire d’abandonner les peines planchers. Comment comprendre qu’il se contredise aussi vite en préconisant l’automaticité de la libération conditionnelle ? » s’insurge le syndicat. Et de pointer « une nouvelle occasion manquée » teintée « de démagogie et de posture politicienne ». (...)

Détracteurs ou promoteurs du projet se rejoignent en tout cas sur une question : le gouvernement aura-t-il les moyens de mettre en place cette politique pénale ? « Nombre de recommandations ne sont que la reprise des principes fondateurs de la loi pénitentiaire de 2009 : améliorer les conditions de détention, favoriser les aménagements de peine et la probation, favoriser la réinsertion… et qui n’a jamais été financée », rappelle l’USM. « Les services d’insertion et de probation sont déjà débordés. Où trouvera-t-on l’argent ? Sans aborder la question des moyens, ce projet ressemble surtout à un joli coup de com, où l’on n’a pas écouté les acteurs de terrain. Je suis sceptique », réagit Riana Ratomahenina, conseillère au Service pénitentiaire d’insertion et de probation de Pau et représentante de la CGT pénitentiaire. (...)