
Des prix records, une demande croissante, un besoin de sécurisation des approvisionnements : une nouvelle ruée vers les minerais est à l’œuvre, partout dans le monde. Face aux multiples impacts de cette industrie, les résistances se multiplient, en Amérique Latine comme en Afrique ou même en Europe.
Réussiront-elles à protéger les eco-systèmes menacés ? Entretien avec William Sacher, chercheur basé à Quito, qui travaille depuis 8 ans sur l’exploitation minière industrielle. Un entretien accompagné de photos de cours d’eau pollués par l’acide utilisé dans les mines. (...)
Nous assistons aujourd’hui à une nouvelle ruée vers les « ressources » du sous-sol en Europe. Mais il faut comprendre que la notion de « gisement » est dynamique, et possède certes une dimension géologique, mais aussi technologique, économique, politique, sociale et culturelle tout aussi importantes. Des innovations dans les techniques d’extraction et une flambée de prix amènent à qualifier aujourd’hui de « gisement » ce qu’hier on considérait encore comme de la terre « stérile ». La qualité des gisements exploitable de façon rentable est d’ailleurs en baisse constante depuis le début de l’ère industrielle. Les grandes sociétés aurifères, par exemple, vont même jusqu’à exploiter des gisements dans lesquels l’or se trouve dans une concentration d’un gramme d’or par tonne de roches traitées. C’est une des raisons pour lesquelles certains minéraux du sous-sol sarthois, bien que présents à l’état de poussières dans la roche, sont aujourd’hui considérés comme intéressants par l’industrie minière. (...)
si demain la Chine était confrontée à une grave crise économique, ce qui n’est pas complètement improbable, il y a fort à parier que les prix des matières premières viendraient à dégringoler. Ce qui est aujourd’hui considéré comme un territoire intéressant du point de vue de l’activité minière pourrait ainsi brutalement ne plus l’être. Cela s’est déjà vu dans le passé. (...)
L’industrie minière est confrontée à ce grand paradoxe : d’un côté, les gisements importants s’épuisent. De l’autre, la croissance de la demande est toujours plus forte. Cette contradiction la contraint à adopter un modèle qui est celui de la méga-exploitation minière moderne. Ce modèle implique l’utilisation d’énormes quantités de réactifs chimiques, parfois très toxiques, mais aussi la génération d’énormes quantités de déchets. Les pollutions engendrées représentent souvent des dangers pour les décennies, voire des siècles à venir. Les impacts sociaux, économiques, politiques, voire même culturels ou psychologiques sont à la mesure de ce modèle de méga-exploitation. (...)
Dans un autre système, on pourrait mettre en œuvre des micro-exploitations, ou envisager tout un tas de mesures qui réduiraient toute exploitation absurde : on exploite aujourd’hui de l’or présent à l’état de poussières dans les gisements, au prix de désastres pour l’environnement comme pour les populations, pour aller l’enfermer sous terre, dans les coffres-forts des banques !