
Il y a deux ans déjà, plusieurs voix s’élevaient pour alerter sur la situation des piscines du site Orano de la Hague, où sont immergés les combustibles irradiés pour être refroidis avant d’être retraités. Yannick Rousselet, le chargé des questions nucléaires de Greenpeace France, indiquait, très alarmiste, qu’on était "à six mois de la saturation". L’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), le bras technique de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), se montrait plus nuancé tout en évoquant une situation "globalement très tendue". Ce mardi 2 juin, c’est le gendarme du nucléaire qui a tiré la sonnette d’alarme lors de son bilan annuel.
"On attend des exploitants", EDF et Orano, "qu’ils prennent le sujet en main pour aboutir au plus tôt à la création de capacités d’entreposage soit sous eau soit à sec mais en tout cas sûres, du combustible usé", a averti Adrien Manchon chef de la division normande de l’ASN. "A très court terme et à court terme, on ne court pas de risque (...) néanmoins, à plus long terme, il y a nécessité de trouver une solution d’entreposage du combustible usé", a-t-il ajouté. Or "construire une installation qui entrepose des déchets nucléaires, ça prend du temps. C’est un sujet qui doit être pensé au plus vite", a souligné M. Manchon.
10 000 tonnes de combustibles irradiés
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