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Les ouvriers de l’Île Longue, victimes oubliées de la dissuasion nucléaire
Article mis en ligne le 14 octobre 2013
dernière modification le 10 octobre 2013

Pendant 25 ans, ouvriers mécaniciens et pyrotechniciens ont consciencieusement assemblé les ogives nucléaires destinées à assurer l’indépendance de la France en matière de dissuasion.

Des pièces contenant du plutonium ou du césium étaient manipulées sans précaution particulière sur la base de l’Île Longue, dans la rade de Brest. Aujourd’hui, plusieurs salariés frappés de cancers ou de leucémies tentent de faire reconnaître leurs maladies professionnelles. Le ministère de la Défense et l’ancienne Direction des chantiers navals déclinent toute responsabilité

Casser la croûte près d’une ogive nucléaire

Les salariés se demandent parfois s’ils ne risquent pas de recevoir quelques rayons radioactifs. La direction de la DCN les rassure. « "Les ogives nucléaires ne rayonnent pas plus que le granit breton !", nous répondaient-ils », se souvient Francis Talec, ancien délégué syndical CGT. Confiants, les ouvriers de la dissuasion ont donc poursuivi leurs tâches quotidiennes le cœur léger. Et ce, depuis le lancement du premier sous-marin nucléaire français Le Redoutable, sous Georges Pompidou. « Nous restions causer près des têtes nucléaires. Parfois, on cassait même la croûte à proximité », se remémore l’un d’entre eux. « Je me souviens avoir voyagé assis sur les containers livrés par le CEA, pour aller emmener les matériaux nucléaires vers les alvéoles sécurisées où ils étaient entreposés avant qu’on ne les monte », se rappelle Louis Suignard.

Cette inconsciente tranquillité dure près de 25 ans. En 1996, stupeur : les salariés apprennent que, finalement, les ogives nucléaires de 110 kilotonnes rayonnent un peu plus que le granit breton. L’histoire raconte qu’un salarié du CEA avait oublié sur place son dosimètre photographique, que la radioactivité aurait dégradé. Et aurait alerté la direction. Les anciens de la « nef » ne savent pas vraiment d’où viennent les révélations. Toujours est-il que l’inoffensif devient dangereux. (...)