
Au nom de la lutte antiterroriste, les mesures restreignant les libertés publiques se multiplient dans tous les pays d’Europe. Un rapport d’Amnesty International documente précisément cette évolution inquiétante.
Le dernier rapport d’Amnesty International dresse un constat sombre des mesures en Europe qui, sous prétexte de lutte contre le terrorisme, dépassent largement ce cadre et constituent d’inquiétantes atteintes aux libertés publiques. Ce rapport, intitulé Des mesures disproportionnées. L’ampleur grandissante des politiques sécuritaires dans les pays de l’Union européenne est dangereuse, est présenté ici et téléchargeable ici (...)
Etat d’urgence et lois d’exception, atteintes aux principes de légalité, au respect de la vie privée... Les enquêteurs d’Amnesty International ont analysé les mesures restrictives, le recul du judiciaire au profit de l’exécutif sans contrôle, la présomption d’innocence bafouée, les liens entre sécuritaire, haine de l’étranger et montée des extrêmes droites. Il s’intéresse aussi à la liberté d’expression, aux droits de libre circulation, au principe de non-refoulement (interdiction de renvoyer qui que ce soit là où cette personne risque réellement d’être torturée ou maltraitée) et aux mesures de déchéance de nationalité.
L’enquête fait un tour d’Europe avec escales en Bulgarie, Hongrie, France, Danemark , Pologne, Luxembourg, Royaume-Uni, Espagne, Autriche, Belgique, Allemagne, Pays-Bas... (...)
il faut bien voir qu’une trentaine de lois et mesures contre le terrorisme s’empilent depuis 1986 [1] et vont toutes dans le même sens. Et ce sans évaluer les risques encourus. (...)
Le discours ambiant recherche des boucs émissaires aux problèmes actuels et les étrangers ont toujours fait office de bon prétexte pour surfer sur les peurs et présenter le terrorisme comme venant d’ailleurs. (...)
Il faut renverser la logique qui oppose garantie des citoyens et recherche de sécurité. On doit évaluer ce qui s’est fait depuis vingt ans, voir ce qui marche et les problèmes que ça pose, et cesser d’empiler des lois sécuritaires après chaque drame. Certains parlementaires ont conscience que le maintien de l’état d’urgence n’est pas la bonne voie à suivre, que les effets d’annonce n’ont pas d’efficacité ni de pertinence pour préserver l’Etat de droit. Mais ils manquent de courage pour l’assumer publiquement devant leur électorat, dans leur circonscription. (...)
Quand j’entends au comité de suivi parlementaire de l’Etat d’urgence que ces mesures ne visent pas que des « personnes strictement radicalisées » mais aussi le « terreau favorable », je me demande à la fois ce que sont les « personnes strictement radicalisées » et encore plus ce « terreau ». Sans doute des gens qui pourraient un jour avoir l’idée d’avoir une mauvaise idée.