
L’Expansion a enquêté sur ces réseaux d’influence qui, de Paris à Bruxelles en passant par Washington, font et défont les décisions politiques. Plongée dans les arcanes du vrai pouvoir.
(...) Ceux-là considèrent le pouvoir [...] comme un simple appendice de leurs affaires privées. Jamais dans toute notre histoire ces forces n’ont été aussi unies contre un candidat, unanimes dans leur haine à mon endroit. Et leur haine me fait plaisir." François Hollande en meeting, chauffé à blanc par des militants socialistes ? Non. Nicolas Sarkozy dans une figure de rhétorique électorale ? Toujours pas. L’auteur de ce discours prononcé au Madison Square Garden en octobre 1936 s’appelle Franklin Roosevelt, candidat sortant àla présidence des Etats-Unis. (...)
Autres temps, autre verve. Autres moeurs, surtout : à l’ivresse rooseveltienne de défier tous les lobbys semble succéder aujourd’hui le besoin de les rassurer, l’obligation de composer avec eux. Sous surveillance - forcément négative -, le prochain président de la République, au seuil de lendemains redoutables, se prépare fébrilement à les rencontrer. Certains y verront la couardise d’une classe politique française désarmée. Peut-être. Mais ce sont surtout les lobbys qui se sont renforcés par rapport au passé.
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Selon les pointages de l’association Regards citoyens, quelque 2 500 organisations professionnelles ou représentants d’intérêts privés se sont introduits à l’Assemblée pour faire entendre leurs voix en trois ans (2007-2010). Pour rédiger les rapports parlementaires, une douzaine d’auditions "extérieures" se tiennent en moyenne tous les jours dans un Palais-Bourbon assailli par les groupes de pression. Les plus écoutés, ou du moins les plus entendus, se recrutent logiquement parmi les groupes du CAC 40. (...)
"Ces entreprises agissent aussi par l’entremise d’associations professionnelles qui représentent 21 % des auditions", précise un des auteurs de l’étude, Tanguy Morlaix. Avec de bons succès à leur actif. Au cours de l’année passée, les boissons sucrées ont échappé in extremis à une surimposition, les cigarettiers, à une contribution sur leur chiffre d’affaires, et les banquiers, à une taxe Tobin digne de ce nom. (...)