
Après la publication de notre enquête sur les conditions de travail d’un livreur sans papiers de la plateforme Frichti, une centaine de travailleurs dans la même situation manifestent ces derniers jours dans les rues de Paris. Ils réclament leur régularisation et la reprise du travail.
Ils ont pris le relais de la colère de Karim (1). Dans notre enquête publiée lundi, nous décrivions les conditions de vie de ce travailleur sans papiers, victime d’un système de sous-location illégale dans lequel il n’était plus payé. En réponse, la firme avait évoqué un cas isolé et promis d’agir sévèrement. C’était chose faite ce lundi matin : la direction de la start-up a annoncé par mail qu’ils n’acceptaient désormais plus que les livreurs en possession d’un passeport en provenance « d’un état de l’espace économique européen » ou d’un titre de séjour. Pour ce faire, ils ont embauché un vigile dans chaque dépôt, chargé de réaliser le contrôle des pièces d’identité, selon nos informations.
Problème, s’ils ont bien pris des mesures drastiques pour empêcher la fraude, elles ont privé tous les autres livreurs sans papiers de travail, dommages collatéraux des retombées de notre enquête. Ce faisant, la start-up a rendu visible malgré elle une évidence qu’elle ne peut désormais nier (...)
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De nombreux travailleurs sont employés illégalement par un sous-traitant de la plateforme et ne sont parfois pas payés pendant des semaines. Karim raconte à « Libé » sa vie de « livreur de bonheur ». (...)
Dans l’après-confinement, des scènes vécues pendant l’enfermement reviennent parfois avec plus d’ironie. Ces deux derniers mois, Karim (1), les a passés à livrer des repas aux Parisiens confinés pour le compte de la plateforme française Frichti. Midi et soir, ce jeune livreur a déposé des dizaines de plats sur le pas de la porte des clients pour payer son loyer. Puisque la livraison a transformé les travailleurs en hommes-sandwichs, son gilet jaune poussin affiche côté face le logo de la firme en grandes lettres. Côté pile, on peut lire « livreur de bonheur » à chaque fois que le jeune homme rebrousse chemin après une livraison.
Voilà ce que doit être Karim pour Frichti et ses clients : une personne au service du bon, même dans la tempête. Un paradoxe car ces plateformes de livraison promettent le bien aux clients (...)
tout en semblant ignorer les malheurs de leurs livreurs. Lorsque l’on demande à Karim de se définir, il se décrit plutôt comme « un livreur sans papiers et sans contrat »… (...)
– Rassemblement à Paris de livreurs sans-papier de Frichti qui veulent être régularisés
Des coursiers sans papier travaillant pour Frichti via un sous-traitant qui ne les déclaraient pas se sont rassemblés à Paris devant le siège de la plateforme de livraison de repas pour obtenir la régularisation de leur situation. (...)
Des coursiers sans papier travaillant pour Frichti via un sous-traitant qui ne les déclaraient pas se sont rassemblés à Paris devant le siège de la plateforme de livraison de repas pour obtenir la régularisation de leur situation. (...)
Les livreurs de Frichti sont en colère. Depuis quelques jours, sous l’égide du Collectif des livreurs autonomes de Paris (Clap75), des dizaines d’entre eux se rassemblent pour exiger de la plateforme une régularisation de leur activité professionnelle.
Ce vendredi, des dizaines de coursiers se sont rassemblés d’abord rue Charlot, dans le 3e arrondissement, et ont découvert que l’entreprise avait déménagé. Ils se sont donc rendus devant les nouveaux locaux rue de Tanger (Paris 19e), à Paris.
La veille, ils s’étaient rassemblés devant le hub de Denfert-Rochereau, dans le 14e arrondissement.
Quatre représentants des livreurs auraient finalement été reçus par un cadre de Frichti pour évoquer leur situation. Nous avons contacté la plateforme française qui ne nous a pas encore répondu.
Pas de revenus depuis le confinement (...)
non seulement ils ne sont pas déclarés, mais depuis plusieurs semaines, il ne seraient même plus payés a révélé un livreur à Libération. Ces indépendants réclament désormais d’être payés et déclarés afin de pouvoir régulariser leur situation.
Ils rappellent également leur rôle durant le confinement qui les a amené à livrer des repas et en risquant de propager l’épidémie. Touché par la maladie, certains ont dû cesser de travailler sans compensation financière.