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Les élections à la Sécurité sociale : une histoire ancienne
Article mis en ligne le 4 mai 2015
dernière modification le 27 avril 2015

Alors qu’en guise de « démocratie sociale » l’on vient de supprimer l’élection des conseillers prud’homaux au profit d’un système de désignation, il n’est pas inutile de rappeler que l’élection fut le principe retenu pour l’administration de la Sécurité sociale, avant d’être supprimé, puis rétabli pour enfin être achevé sans retour. Et pourtant, il s’agit de gérer les cotisations sociales au nom des assurés !

La sécurité sociale : une conquête !

L’organisation de la sécurité sociale a été, à la Libération, le fruit combiné des rapports de force plutôt favorables aux travailleurs et d’un processus qui dû essuyer le refus d’une sécurité sociale généralisée (à l’anglaise) de la part des professions libérales, indépendantes et agricoles. Ces derniers ayant construit leurs propres systèmes, le régime général de sécurité sociale est alors un compromis entre intervention de l’État et l’autonomie puisée dans les traditions mutualistes du mouvement ouvrier français. A la puissance publique de fixer les règles générales (barêmes, taux de cotisations) et le contrôle a posteriori, mais aux organismes autonomes, les Caisses, personnes morales de droit privé (comme les associations, les mutuelles), l’immatriculation des assurés et la gestion[1].

De l’élection…

Dans chaque caisse, primaire, régionale, un conseil d’administration désigne le directeur et adopte un budget. A l’origine, jusqu’aux ordonnances de 1967, ces conseils d’administration étaient composés pour les trois quarts de salariés élus, et pour un quart de représentants des employeurs[2]. Ces caisses, bien qu’organismes de droit privé, bénéficiaient des prérogatives de la puissance publique. (...)

Le retour au suffrage : une nécessité démocratique

Beaucoup d’arguments ont été développés contre les élections : le scrutin coûte cher, de toutes façons il y a une faible participation, les syndicats représentatifs sont assez responsables et compétents pour participer à la gestion. Avec de tels arguments, l’on pourrait supprimer bon nombre d’élections qui ont connu un nombre supérieur d’abstentions et confier le pouvoir aux seules élites autoproclamées. Certes, l’élection ne résout pas toutes les questions et ne garantit pas à elle seule un fonctionnement démocratique des conseils, mais elle permet au moins un débat public régulier pour peu que la durée des mandats permette des renouvellements rapprochés. Mais des élections pour élire qui, et quels pouvoirs ? Car là est le véritable enjeu : la cotisation est salariale avant tout, les représentants des salariés doivent donc avoir la majorité dans les caisses, comme aux origines ! Et ensuite, la gestion doit être l’affaire de toutes et tous, les questions discutées au delà des conseils d’administration, publiquement et pas uniquement tous les 5 ou 6 ans lors des renouvellements. Il s’agit aussi d’éviter les alliances confinant parfois aux « petits arrangements » dans la « discrétion » plutôt opaque. L’on pourrait déjà rendre les réunions des conseils et commissions accessibles à tous par télévision ou internet à l’instar du Sénat et de l’Assemblée nationale.

La sécurité sociale fut une conquête, elle est devenue aux yeux de la majorité de la population une administration qui lui paraît étrangère. D’où l’importance de sa réappropriation directe.