
La rémunération des auteurs est devenue l’enjeu de l’année 2016 : les trois grandes organisations représentatives d’Australie, du Royaume-Uni et des États-Unis ont lancé un cri d’alarme, à destination des éditeurs locaux. Depuis, les interventions dans la presse se multiplient. Dernière ne date, celle de James MacConnachie : « Beaucoup d’auteurs sont dans un désespoir professionnel. »
(...) Dans une tribune diffusée par le Guardian, l’auteur revient, une fois n’est pas coutume, sur l’interdépendance qui unit les écrivains aux éditeurs, « dans le même bateau ». Et cette relation, pas toujours tendre, se durcit, alors que les négociations contractuelles sont de plus en plus difficiles.
La Society of Authors, organisation britannique, tente d’obtenir des arrangements avec les éditeurs, à travers la Publishers Association. Richard Mollet, son directeur, avait assuré que « les éditeurs partagent la frustration de la communauté des auteurs », reconnaissant qu’il était de plus en plus difficile « de mener une vie décente », avec l’écriture. Mais même décent, souligne MacConnachie, c’est déjà du rêve.
En regard des revenus de 2005, les auteurs ont perdu 29 % de revenus (...)
Or, si les revenus des auteurs ont chuté en moyenne de 29 %, ceux des éditeurs n’ont pas suivi la même pente, (...)
« Je voudrais faire une analogie avec le tollé qu’un auteur [Philip Pullman, NdR] a récemment déclenché : fini d’aller aux festivals littéraires qui ne payent pas les écrivains. Les Foires paient leurs techniciens d’éclairage, les traiteurs, les fournisseurs d’électricité, voilà les meilleurs arguments. Alors pourquoi pas les auteurs ? Les éditeurs paient les imprimantes. Ils paient un loyer – souvent incroyablement haut pour un espace commercial à Londres, en dépit des marges serrées. Et ils payent des salaires. » (...)
« Aussi, quand un éditeur vous assure qu’il “partage votre frustration”, demandez-lui combien il gagne – et combien il paierait son assistant éditorial le moins bien payé, avant de sentir qu’il exploite la vulnérabilité de sa position. Avant qu’il ne sente qu’il est en train de mettre en danger la viabilité sur le long terme de son entreprise. » Question fourbe.
Mais la réalité rattrape tout un chacun : « L’édition est un marché, mais c’est également un écosystème fragile, et en ce moment, nous sommes en train de perdre non seulement les écrivains isolément, mais aussi des pans entiers d’auteurs. » (...)
En France, à l’occasion du Festival de la BD d’Angoulême, le SNAC BD avait interpellé l’édition, pour alerter sur la situation des auteurs de bande dessinée. (...)