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Futura-Sciences
Les déchets en plastique s’accumulent en Arctique
Article mis en ligne le 21 janvier 2018

Les expéditions de recherche scientifique Tara Oceans, entre 2009 et 2013, et Malaspina en 2010 ont mis en évidence le transport à grande échelle de débris de plastique flottants depuis l’océan Atlantique jusqu’à l’Arctique. Comme nous le relations, l’étude confirme qu’en seulement quelques décennies d’utilisation de matières plastiques, la pollution marine résultante est déjà devenue un grave problème jusque dans cette région que l’on pensait préservée.

Bien que la faible densité de population du bassin arctique ne produise que peu de déchets sur place, une étude qui vient de paraître dans Science Advances montre que les mers du Groenland et de Barents (la partie nord de l’Atlantique Nord) accumulent de grandes quantités de débris plastiques, apportés par les courants océaniques. Dans cette région du monde, les répercussions écologiques potentielles de l’exposition à ces débris plastiques amplifiées par le caractère unique de cet écosystème, encore vierge et reculé.

L’équipe dirigée par le professeur Andrès Cózar de l’université de Cadix en Espagne est composée de douze institutions de huit pays : la fondation Tara Expéditions (France), l’université des sciences et technologies du roi Abdallah (Arabie saoudite), le CNRS (France), l’Imperial College de Londres (Royaume-Uni), le Lake Basin Action Network (Japon), l’université des îles Baléares, le Conseil supérieur de la recherche scientifique (CSIC, Espagne), l’université de la Sorbonne, l’université d’Aarhus (Danemark), l’université d’Utrecht (Pays-Bas), l’université de Harvard (États-Unis), la Fondation basque pour la science Ikerbasque (Espagne) et le Centre technologique expert en innovation marine et alimentaire AZTI (Espagne).

Il s’agit du même groupe de recherche qui, précédemment, avait démontré que chacun des cinq gyres océaniques se comporte comme une immense zone de convergence pour les débris en plastiques flottants. Dans une étude plus récente, ils ont montré que les mers semi-fermées à forte densité de population, telles que la Méditerranée, constituent également des zones d’accumulation importante de débris plastiques. Jusqu’à présent, l’océan Arctique, éloigné des zones d’habitation, n’était pas candidat à l’accumulation de microplastiques. (...)

Des déchets venus massivement des rivages peuplés de l’Atlantique nord (...)

La masse de débris en plastiques flottants piégés dans les eaux de surface de cette zone est estimée à plusieurs centaines de tonnes. Il y aurait près de 300 milliards d’éléments, principalement des fragments de la taille d’un grain de riz. Mais les quantités sont peut-être plus importantes encore. En effet, l’eau de surface n’étant pas la destination finale du plastique flottant, l’étude émet l’hypothèse que des quantités importantes résident sur les fonds océaniques de l’Arctique. (...)

Pour déterminer le devenir du plastique dans l’Atlantique Nord, l’équipe a utilisé des données provenant de plus de 17.000 bouées dérivantes flottant à la surface de l’océan et suivies par satellite. « Ce qui est vraiment inquiétant, c’est que nous pouvons suivre ce plastique jusqu’aux abords du Groenland et dans la mer de Barents directement depuis les côtes du nord-ouest de l’Europe, du Royaume-Uni et de la côte est des États-Unis. Ce sont nos déchets plastiques qui finissent là-bas », déclare Erik van Sebille de l’institut Grantham à l’Imperial College de Londres.

L’humanité utilise du plastique depuis seulement quelques décennies, mais la pollution générée dans les milieux marins est déjà un problème à l’échelle mondiale - preuve indubitable que les Hommes ont la capacité d’altérer notre planète. (...)

« Les résultats de cette étude soulignent l’importance de minimiser et de mieux gérer les déchets plastiques dès leur source par les industriels, dans les foyers, par les collectivités et les États car une fois que ceux-ci atteignent l’océan, leur destination et leurs impacts deviennent incontrôlables », dit Romain Troublé, directeur de la fondation Tara Expéditions.