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Natura- sciences
Les dangers des lâchers de ballons
Article mis en ligne le 2 avril 2019
dernière modification le 31 mars 2019

Le ballon de baudruche moderne a été inventé par le scientifique Michael Faraday en 1824. Sa production de masse n’a commencé que dans les années 1930. Ces ballons en latex fabriqués en Asie sont transportés en Europe par porte-conteneurs et gonflés à l’hélium produit à partir du gaz naturel. Mais leur pollution principale est plus sournoise. Depuis quelques décennies, la multiplication des lâchers de ballon menace notre environnement, notamment la faune sauvage.

Cela fait plus de dix ans que l’association Robin des bois dénonce les dangers environnementaux de ces lâchers et demande aux différents organisateurs de renoncer une fois pour toutes à cette pratique.

« En France, un million de ballons s’envole chaque année dans le ciel […]. Cette manie d’envoyer des déchets dans l’air ne faiblit pas, malgré la somme des informations sur les débris de ballons en latex (caoutchouc transformé) ou en plastique retrouvés en mer ou dans les estomacs d’espèces marines et les nids d’oiseaux », regrette Jacky Bonnemains, Président de Robin des Bois.
Que deviennent les ballons de baudruche dans l’air ? (...)

Les fragments retombent sur terre et en mer. Les autres se dégonflent en cours d’ascension et retombent dans un périmètre de quelques dizaines de km2 », précise-t-il.

Ces ballons sont souvent attachés à un lien en plastique rigide de plusieurs centimètres. Ce lien est encore plus dangereux pour la biodiversité. A terre, les ballons vont rejoindre les déchets sauvages et constituer un risque mortel pour la faune. Ils jonchent les bords des routes et des rivières, s’accrochent aux branches des arbres, traînent dans les caniveaux… Les fragments de ballons et les liens sont ingérés par les mammifères marins, les tortues marines, les oiseaux de mer ou encore les poissons. On les retrouve dans les nids d’oiseaux ou dans les estomacs de ces divers animaux. (...)

Pour démontrer ses propos, Robin des Bois a réalisé plusieurs comptages. L’un est particulièrement parlant. Le 31 décembre 2007, sur 2 km de littoral français, l’association a ramassé 168 fragments de ballons de divers coloris.

Dans son rapport sur les déchets marins, le Programme des Nations-Unies pour l’environnement (Pnue) a quant à lui recensé, entre 1989 et 2007, près de 897 000 fragments de ballons. C’est plus que les briquets, (795 000), mais moins que les mégots de cigarettes (25 millions) et les sacs plastique (9,7 millions). « Cela a l’air peu, mais ce n’est que la face émergée de l’iceberg », prévient Charlotte Nihart, chargée de campagnes chez Robin des bois. « Un ballon explose en plusieurs fragments, on ne retrouve souvent que l’embout avec le bolduc, mais il y en a probablement des millions », ajoute-t-elle.
Comment sont encadrés les lâchers de ballons ? (...)

Robin des bois rappelle que les ballons entrent dans le cadre de l’Art. L.541-46 et de l’Art L.216-6 du Code de l’environnement. Selon ces deux articles, l’abandon dans la nature de déchets en grande quantité est un délit puni de 2 ans d’emprisonnement. Et de 75 000 € d’amende. La même peine est prévue si les milieux aquatiques sont atteints.
Existe-t-il des alternatives à ces lâchers ?

Certains industriels avancent des ballons de baudruche 100% biodégradables. Ils seraient fabriqués à partir de latex naturel et colorés avec des pigments organiques. « Les fabricants asiatiques et les revendeurs français de ballons mettent en avant le soi-disant caractère biodégradable de ces objets.Le terme biodégradable n’a à cette heure aucun caractère normatif ou réglementaire et il est employé à tort et à travers. Il doit à tout le moins être accompagné de précisions sur le temps nécessaire à une biodégradation complète de l’objet en référence ou de chacune des parties de l’objet », insiste Jacky Bonnemains. Selon l’association, ces ballons biodégradables pourraient mettre jusqu’à 5 ans avant de se dégrader naturellement. Ils auront alors tout leur temps de s’attaquer à la faune. (...)