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Les courtiers du capitalisme
Les courtiers du capitalisme, Milieux d’affaires et bureaucrates à Bruxelles, éditions Agone, 2015. Sylvain Laurens
Article mis en ligne le 22 janvier 2016
dernière modification le 17 janvier 2016

Daniel Cohn-Bendit a nié, tout récemment sur France inter, l’influence des lobbys sur l’activité des élus européens. Ce n’est pas ce que démontre Sylvain Laurens dans "Les courtiers du capitalisme". Après une enquête de terrain … au sommet, et au cours d’une démonstration brillante, le sociologue révèle les interactions complexes entre lobbys patronaux et haute bureaucratie communautaire.

La façon dont le lobbying patronal s’y prend pour contrôler ce qui se fait et se décide à Bruxelles est si subtile qu’il est possible que les dénégations de certains députés européens soient sincères. Car les relations d’influence ne se jouent pas essentiellement avec les élus mais avec les hauts fonctionnaires. Quand les textes arrivent au Parlement, c’est trop tard. 3000 textes sont réactualisés chaque année : seulement par des fonctionnaires, pas par des politiques. Des ONG continuent à croire qu’elles doivent s’adresser aux députés pour leur faire entendre raison.

Lors d’une intervention en province pour présenter son livre, Sylvain Laurens expliquait qu’il ne s’agit pas de valises de billets mais de relations privilégiées entre le lobbyiste et un chef de bureau, et parfois avec les assistants parlementaires : car ce sont ces derniers qui rédigent les amendements, non pas leur député. (...)

Le chercheur récuse la façon dont revues et commentateurs décrivent sans cesse la collusion des gouvernements nationaux avec le niveau européen et éludent ainsi l’imbrication entre une armée de lobbyistes asservis aux thèses libérales et une haute administration communautaire. (...)

Certains de ces lobbyistes sont plus royalistes que le roi : pour eux, le Medef est trop "à gauche", car il tient compte du contexte français trop empreint, à leur goût, de "dialogue social". (...)

Pour le moment, les sociétés qui sont les plus efficaces sur les marchés sont bien celles qui ont les meilleurs lobbyistes. Ces derniers ne sont pas une poignée : ils seraient plus nombreux (30000) que les fonctionnaires européens tant décriés (20000). Des cabinets forment et informent, des ONG sont des faux-nez de lobbys déguisés. Bruxelles héberge un Institut Supérieur Européen du Lobbying. (...)

on peut regretter que cette approche ait été effectivement peu étudiée mais surtout, lorsqu’elle l’est (avec cette recherche), elle soit si peu exposée au public : très peu de médias s’en sont fait l’écho. (...)