
Si l’aviation était un pays, ce serait le septième plus gros émetteur mondial de gaz à effet de serre. Le secteur pollue autant que les 129 pays les moins émetteurs ! Pourtant, sous la pression des lobbies, c’est le seul secteur avec le transport maritime, qui ne soit pas soumis à un objectif de réduction des émissions.
En Europe, on s’apprête à investir 75 milliards de dollars dans 800 projets d’extension ou de construction de nouveaux aéroports, dont celui de Notre-Dame-des-Landes. Les États du monde entier, réunis jusqu’au 7 octobre à l’Assemblée générale de l’Organisation de l’Aviation civile internationale, refusent pourtant de réduire la croissance du secteur et misent sur la compensation carbone.
Au mois de juillet 2016, Solar Impulse 2 est devenu le premier aéronef à faire le tour du monde sans utiliser de carburants fossiles. Un exploit retentissant salué par l’ensemble des médias et des commentateurs, sans doute pressés d’imaginer un avenir post-énergie fossile pour le secteur de l’aviation. Si des recherches sur de futurs (et éventuels) avions électriques se poursuivent, notamment au sein de la Nasa, le secteur de l’aviation ne semble malheureusement pas en mesure de se désintoxiquer de son addiction au pétrole et de diminuer son impact sur le climat.
Des milliards pour plus d’aéroports et d’avions
Le secteur de l’aviation est en pleine croissance : plus de 2500 projets de nouveaux aéroports, agrandissements ou aménagements d’aéroports existants sont sur les rails ! (...)
Les perspectives de croissance de l’aviation sont donc colossales et les enjeux financiers gigantesques. L’impact sur le climat n’est pas en reste. (...)
Le secteur engloutit un quart de notre « budget carbone »
Selon le centre de recherche Carbon Brief, les émissions de l’aviation pourraient représenter un quart du budget carbone dont nous disposons d’ici à 2050 pour rester en deçà de 1,5 °C de réchauffement global. (...)
Pourtant, l’aviation, comme le transport maritime, a été exempté de tout engagement climatique lors de la COP21. L’Accord de Paris est muet à ce sujet. (...)
Les terribles effets de la « compensation carbone » sur les populations
L’expérience du Mécanisme de développement propre (MDP) a profondément et durablement discrédité la compensation carbone. Une réputation mise à mal également parce qu’un nombre significatif de projets de compensation, notamment ceux visant à « réduire les émissions dues à la déforestation et à la dégradation des forêts » (REDD+), sont vivement critiqués par les populations locales et par certaines ONG : bien souvent, ces projets reviennent à considérer que l’agriculture paysanne et l’utilisation de la forêt par les peuples autochtones sont responsables de la déforestation, tout en gardant le silence sur les causes réelles de la destruction à grande échelle de la forêt (voir notre reportage sur un cas à Madagascar qui implique la compagnie aérienne Air France).
D’autre part, le carbone séquestré dans les forêts est généralement déjà comptabilisé dans les bilans des États, à travers les contributions déterminées au niveau national (CPDN). (...)
Y a-t-il d’autres solutions que de réduire massivement les émissions mondiales, sans compensation, y compris dans le secteur aéronautique ? Et donc planifier un atterrissage progressif de la croissance mondiale du secteur aérien ? C’est en tout cas ce que réclament les ONG et associations mobilisées sur le sujet, qui appellent à signer cette pétition qui demande de stopper la croissance du trafic aérien.