
(...) En plus des réseaux sociaux, les témoignages se retrouvent aussi les médias, où plusieurs binationaux ont pris la plume pour faire entendre au gouvernement leur position sur la déchéance de nationalité. Si certais estiment qu’il s’agit d’une mesure « logique », qui aurait dû être mise en place depuis longtemps, la plupart rejettent la proposition du gouvernement socialiste.
(...) Dans une lettre ouverte au président de la République, publiée par Libération, Samir, binational de 43 ans, raconte s’être parfaitement intégré grâce à son « éducation typiquement française ». Pourtant, celui qui n’est devenu binational qu’à l’âge de 33 ans, « par un triste concours de circonstances », est abasourdi par la violence symbolique qui l’atteint bien plus que « n’importe quel terroriste en puissance » : « Avec cette mesure, vous me perdrez. » Il promet de s’empresser dès la semaine prochaine de « courir à l’ambassade revendiquer son droit à la binationalité » :
« Comme une réaction viscérale, comme un acte politique, comme une tentative de réparation à l’insulte que vous faites aux valeurs républicaines que l’on m’a inculquées. » (...)
En plus de l’inefficacité de la déchéance de nationalité, ce qui inquiète le plus Sarah Kroche, une Franco-Marocaine, est la voie qu’une telle mesure ouvre à l’extrême droite et au racisme. L’auteure de la tribune publiée sur Le Plus de l’Obs n’a pas manqué de réagir aux déclarations sur iTélé de Florian Philippot, le vice-président du Front national, pour lequel il faudrait « appliquer la déchéance de nationalité plus largement » :
« Que sous-entend-il par “plus largement” ? Un vol à l’étalage et hop ! plus de nationalité ? Et les Français qui n’ont pas de double nationalité, quelle sanction pour eux ? » (...)
Cyril, lui, se sent déjà « moins français que les autres ». « Même symbolique, elle donne l’idée que certains Français sont des citoyens de seconde zone, et ça me gêne énormément », témoigne Sevan. (...)
« J’ai peur que, comme moi, d’autres Français binationaux, des Français qui aiment la France, qui y sont nés et qui la respectent, se sentent relégués eux aussi. Or c’est la volonté des terroristes de fracturer notre société. » (...)