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Les bébés prématurés, victimes fragiles des perturbateurs endocriniens
#prematurite #perturbateursendocriniens
Article mis en ligne le 4 juin 2023

(...) Les perturbateurs endocriniens se nichent partout, même au cœur des structures de soin, auprès des plus vulnérables. Les bébés prématurés, particulièrement sensibles à ces substances chimiques qui perturbent le système hormonal, font partie des victimes. Minuscules, ils ont besoin d’un arsenal de machines et de tubes pour les maintenir en vie... mais ces mêmes machines et tubes les empoisonnent. (...)

Cet univers de plastique contient en effet des perturbateurs endocriniens auxquels les petits organismes fragiles sont particulièrement sensibles. Ce même plastique prédispose d’ailleurs leur mère à accoucher plus tôt. C’est ce que dénonce le Réseau Environnement Santé (RES) dans un communiqué, à la suite de la parution du rapport Born too soon (« né trop tôt ») de l’Organisation mondiale de la santé et de l’Unicef. (...)

Bien que l’exposition à cette substance ne soit théoriquement plus autorisée depuis 2012, « un contrôle de l’ANSM [l’instance surveillant la sécurité des médicaments mis sur le marché français] réalisé en 2016 montrait que la majorité du marché des dispositifs médicaux en PVC, bien qu’annoncé sans DEPH en contenait toujours. Qu’en est-il aujourd’hui ? », s’interroge le RES dans le communiqué.
Les nouveau-nés hospitalisés sont multiexposés

Une étude publiée en 2023 ne laisse guère d’espoir : les nourrissons en soins intensifs présentent des taux de DEPH dans leurs urines jusqu’à trente-cinq fois plus élevés que les bébés qui sortent directement de la maternité… En cause : les tuyaux employés pour les faire respirer, pour les alimenter ou leur faire parvenir des médicaments.
Cette étude a été menée par Valérie Sautou, spécialiste de la Société française de pharmacie clinique. (...)

Au vu des résultats des contrôles et des dernières études, on peut supposer que le plastique de ces dispositifs contient des produits chimiques, dont le fameux DEPH qui rend le plastique plus souple et qui migre dans les aliments, l’oxygène, les médicaments et contamine le nourrisson.

Or les bébés prématurés sont particulièrement sensibles à ces molécules toxiques. Du fait de l’immaturité de son système de détoxification, il existe « des risques d’accumulation [...] dans l’organisme » à un moment où les organes sont en plein développement, a-t-elle averti (...)

l’exposition à ces substances toxiques est associée à une augmentation du risque de troubles neurodéveloppementaux chez l’enfant — des retards de langage par exemple — et à une augmentation des maladies non transmissibles une fois devenu adulte, telles que le diabète, l’obésité ou les maladies cardiovasculaires. (...)

Ironie du sort, l’exposition des femmes enceintes à ces polluants est l’une des raisons expliquant certains accouchements précoces. Les résultats scientifiques sont clairs : l’exposition à un cocktail de perturbateurs endocriniens pendant le premier trimestre de grossesse double le risque de prématurité, a montré une étude chinoise. Et une équipe étasunienne a estimé que réduire de moitié la contamination des femmes enceintes aux phtalates — présents dans le PVC, les câbles électriques, les revêtements de sols et muraux, les meubles, les cosmétiques... — permettrait de diminuer le risque de prématurité de 12 %. (...)

À quand une grande campagne nationale de réduction des risques ? (...)

Depuis dix ans, aucun progrès notable n’a été réalisé pour prévenir la prématurité — aux causes multifactorielles —, s’alarment l’Organisation mondiale de la santé et l’Unicef dans un rapport. En 2010, un enfant sur 10 naissait prématuré. Tout comme en 2020. C’est même la première cause de décès chez les enfants de moins de 5 ans.

Comment limiter l’exposition ? La tâche est loin d’être aisée. Plus de 10 000 substances composent les produits en plastique. Beaucoup ont des propriétés de perturbateurs endocriniens, mais on ne les connaît pas toutes. (...)

ce n’est qu’une fois transformés au sein de l’organisme que certains types de plastiques commencent à réagir avec le système hormonal. Difficile, donc, de prévoir quels plastiques seront délétères pour l’organisme.

Aujourd’hui, les perturbateurs endocriniens sont partout dans notre environnement. On les mange, on les inhale, on les touche (...)