Entre les revenus tirés par Nicolas Hulot de la marque Ushaïa et les liens de sa fondation avec de grandes entreprises, les informations du « Canard enchaîné » suscitent peu de réactions ouvertes dans le milieu écologiste.
Après la ministre de la Santé et celle du Travail, Le Canard enchaîné s’est attaqué dans son édition du 5 juillet au cas de Nicolas Hulot, ministre de la Transition écologique et solidaire. Le palmipède affirme que le nouvel homme fort de la galaxie Macron a « bien failli être sorti » du gouvernement. Deux éléments du CV de l’écologiste posaient problème : sa très lucrative société personnelle, Éole conseil, et les financements privés de sa fondation, faisant peser des soupçons de conflits d’intérêts.
L’existence d’Éole conseil, la société de Nicolas Hulot fondée en 1990, est connue depuis 2010. La biographie de Nicolas Hulot Sain Nicolas, signée Bérangère Bonte, en fait état. Peu après, l’ex-animateur a publié en 2011 les comptes de la société, anticipant sans doute des attaques avant sa candidature à la présidentielle de 2012 (il avait participé aux primaires d’EELV).
L’entreprise permet à l’ex-animateur de collecter d’une part les droits d’auteur sur les livres, films ou documentaires qui lui sont associés, et d’autre part d’engranger une part des royalties issues de l’exploitation de la marque Ushuaia, appartenant à TF1. Cela lui permet de tirer chaque année des revenus très confortables. (...)
N’essayez pas d’y trouver les comptes de la société de 2013 à 2016, il n’y figurent pas, malgré l’obligation de fournir ces documents. “Il avait fait de même en 2008 et en 2009, c’est possible en payant des pénalités”, nous raconte Bérangère Bonte, auteure de l’autobiographie de l’ex-animateur. De peur que les comptes cachent quelque chose ? Sans présumer de la bonne tenue des comptes d’Eole Conseil, la journaliste pense que cela est dû à la personnalité de Nicolas Hulot. “Il assume mal son rapport à l’argent, c’est quelque chose qui l’a toujours angoissé. Il sait que ça sera étalé dans la presse, que ça a plombé sa campagne en 2011.”
« Ce type d’accusation me paraît un peu léger »
Les statuts d’Éole conseil viennent de changer pour inclure dans leur objet le « conseil en relations publiques et en communication sous toutes ses formes », observe Le Canard enchaîné. Nicolas Hulot dément avoir jamais joué les consultants.
Souci secondaire : l’ex-animateur, qui n’est plus patron de l’entreprise, mais en reste le propriétaire, touche les dividendes de produits… épinglés pour leurs composants peu écologiques. (...)
Dans le hors-série de juillet-août 2016 de 60 Millions de consommateurs, trois produits de la marque Ushuaïa sont ainsi brocardés, dont un déodorant pour la présence d’une substance soupçonnée d’être un perturbateur endocrinien.
Un ministre qui recule sur les perturbateurs endocriniens, mais qui en tire profit via les royalties d’Ushuaia ? François Veillerette, président de Générations futures, n’y croit pas. « Je ne veux pas faire un procès d’intention à Nicolas Hulot à ce sujet. Dans la gestion des perturbateurs endocriniens, ce n’est pas cela qui me tracasse en premier. En plus on parle d’un produit “suspecté”, donc ce type d’accusation me paraît un peu léger. »
Autre élément qui aurait inquiété l’Élysée, selon Le Canard enchaîné : les liens entre la fondation Nicolas Hulot et ses mécènes, parmi lesquels EDF, qui donne 100.000 euros par an, Vinci (200.000 euros par an) ou Veolia (30.000 euros en 2014 et en 2015). Du côté de la Fondation - rebaptisée « pour la nature et l’homme » (FNH), pas de réaction si ce n’est que l’on confirme le recours aux partenaires privés : leur apport “reste modeste au regard du budget total d’environ 5 millions d’euros”. La Cour des Comptes n’était pas vraiment de cet avis en 2010 : elle avait pointé la part prépondérante des ressources du mécénat (près de 75 % en 2010) en s’interrogeant sur la réalité de la diffusion de bonnes pratiques environnementales chez ces grandes entreprises. (...)