La mairie de Besançon souhaite urbaniser une quarantaine d’hectares au cœur de la ville. Le label d’écoquartier ne convainc pas les opposants, dont les jardiniers de cet espace historiquement agricole. Alors que les travaux ont commencé avant la fin d’une consultation publique, la « maison » du projet a été incendiée en début de semaine.
plusieurs tours d’habitations surplombent Besançon. Devant, quelques maisons dispersées. Mais surtout, des prairies, des jardins, des arbres. Un paysage bucolique surprenant en plein cœur de la capitale comtoise. Et au milieu du vallon, une grande trace boueuse défigure ce paisible panorama. C’est le dernier épisode des travaux qui visent à transformer le secteur des Vaîtes en écoquartier. Ce jour-là, il y a là une dizaine de jardiniers, réunis par la mairie et l’aménageur pour qu’ils se partagent de nouvelles parcelles à cultiver. Les leurs viennent d’être écrasées. Pelleteuses et bulldozers ont détruit les cabanons, ainsi que tout ce qui se trouvait sur l’emprise de la future « bande verte », qui aura pour fonction d’évacuer les eaux pluviales et d’accueillir divers aménagements paysagers. (...)
Cela fait presque cinquante ans que la municipalité de Besançon lorgne ce « petit paradis, ce coin de campagne à la ville », comme l’appellent affectueusement riverains et promeneurs. Pour justifier ce projet, la ville invoque la nécessité de construire 500 logements par an et évoque la situation de familles qui doivent s’installer en périphérie. (...)
Ce n’est pas un endroit où l’on devrait implanter un quartier. On en aura besoin dans trente ans, et je suis optimiste ! » s’offusque Claire Arnoux. Avec d’autres jardiniers, elle a fondé l’association Les Jardins des Vaîtes pour contester ce projet, jugé d’un autre âge et inadapté aux enjeux écologiques actuels et à venir. Avec d’autres, elle s’est invitée pour contester les travaux à la fin de cette réunion du 15 février pour profiter de la présence du représentant de Territoire 25, de l’aménageur et d’une personne mandatée par la mairie pour créer l’association « officielle » des jardiniers. (...)
« Ils n’ont pas été fair-play : on a rencontré les services de la ville et Territoire 25 avec la Ligue de protection des oiseaux en décembre. On leur avait soumis nos craintes au sujet du projet et ils nous avaient dit qu’ils nous tiendraient informés de l’avancement, qu’il n’y avait pas de souci, que tout allait bien se passer », regrette cet habitant naturaliste du quartier. (...)
la méthode pose question, tout comme le fond. Les remarques que les opposants sont parvenus à faire sur le site de la Dreal dans le cadre de cette consultation soulignent la faiblesse de l’étude de la dérogation à la destruction d’espèces. (...)
Autre interrogation portée par l’association Les Jardins des Vaîtes : outre l’absence de panneaux d’information concernant la tenue du chantier, comment les travaux ont-ils pu débuter alors que la consultation du public n’était pas terminée et que, par conséquent, aucune dérogation n’avait pu être délivrée ? Pour l’adjoint à l’urbanisme, il n’y a là aucune irrégularité. (...)
Dans la nuit du dimanche au lundi 25 février, un incendie volontaire a détruit la « maison » du projet, sur le site des Vaîtes, sans que rien ne permette aujourd’hui de relier cet acte avec la contestation. Mardi 26 février, le maire et le préfet ont tenu une conférence de presse dans laquelle le préfet a annoncé la suspension des travaux et que l’arrêté portant sur la dérogation à la destruction d’espèce devrait être pris dans un délai d’un mois, le temps de réévaluer le pan environnemental du projet.
Le préfet a sans doute tenu compte de l’avis défavorable du Conseil national de la protection de la nature (CNDP), rendu le 14 février mais révélé mercredi 27. Cette instance du ministère de la Transition écologique, reprenant une partie des remarques des opposants, s’est prononcé en défaveur de la demande de dérogation portant sur la destruction, l’altération et la dégradation d’habitats d’espèces animales protégées pour le projet d’écoquartier des Vaîtes.