
Elles sont des dizaines, passées par la rue, la violence, la prison, accueillies dans un centre de jour pour femmes SDF, qu’une mairie du Nord va bientôt fermer. Leur résilience, leur combat, uni aux travailleuses sociales, est la trame du nouveau film de Louis-Julien Petit, ode poignante et lumineuse aux "résistantes modernes".
Une quinzaine d’actrices non-professionnelles, qui ont connu la rue, mettent leur vérité au service des "Invisibles" (sortie le 9 janvier), aux côtés de Corinne Masiero, une fidèle de Petit, d’Audrey Lamy ou de Deborah Lukumuena ("Divines") pour une comédie sociale entre émotion et éclat de rire, présentée mercredi au Festival du film francophone d’Angoulême. Une épopée tragicomique, résolument ancrée dans le réel.(...)
Le réalisateur de 34 ans, salué pour Discount (2015) a passé un an bénévole en centres d’accueil pour femmes, à Grenoble et Paris notamment, pour comprendre et trouver le ton juste. (...)
"Mon idée c’était un film sur les résistantes modernes, des femmes qui vont s’unir et combattre ensemble, en se disant +OK, on nous met de côté, donc on va prendre notre destin en mains, trouver une solution". Solution qui, dans le film, passe par redécouvrir "qui" étaient ces femmes, ce qu’elles faisaient "avant", leurs compétences, leur formation, etc(...)
"Leur combat est une utopie, c’est ce qui m’intéressait. Ce n’est pas le but qui est important, c’est l’action, l’action commune, le vivre ensemble.(...)
"Les Invisibles" effleure, mais évite l’écueil de l’acharnement contre une administration aveugle et lente. "Cela ne m’intéressait pas, et cela a déjà été fait magnifiquement par Loach dans +I, Daniel Blake+, un chef d’oeuvre...+", glisse Louis-Julien Petit.
En revanche, dans la place laissée individuellement aux "accueillies", avec chacune son langage, sa personnalité, sa trajectoire, ses réparties, il ne perd jamais son fil rouge humain —et comique. (...)