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Entre les lignes, entre les mots
Les Êtres en majuscules sont toujours des Etranger·es
Article mis en ligne le 21 novembre 2018
dernière modification le 19 novembre 2018

« Des notions de race et de sexe, on peut dire qu’elles sont de formations imaginaires, juridiquement entérinées et matériellement efficaces », écrit la sociologue Colette Guillaumin dans son ouvrage L’Idéologie raciste

Il m’a semblé important de commencer par cette citation qui se trouve vers la fin du livre. Je porte un nom aux consonances dites étrangères et souvent on m’interroge sur mon origine (voilà une chose que je partage avec l’autrice). Comme tout le monde, je suis né par hasard quelque part. En France de parent·es français·es… le fil du temps de cette assise territoriale est bien plus court que celui de Tania de Montaigne… Reste que ma peau est considérée comme blanche, que je ne suis ni noir ni Noir (bien que mes grand-parent-es été considéré·es comme schvartze !). Les fantasmes contre le droit du sol, la négation de l’individu·e au nom d’une incorporation « sanguine » ou « génétique » du passé… (...)

Tania de Montaigne parle, entre autres, de l’« appropriation culturelle », de l’« égalité des droits et à l’accès à une citoyenneté pleine et entière », de cette culture devenue « peu à peu clôture, moyen de délimiter l’espace des uns et des autres », de ce qui est plus que nous et qui colle, de la mécanique de « la Race » et de la simplification « on est ce qu’on naît, seul le sang et l’ADN font loi » dans l’oubli de ce que chaque histoire construit, « Avec la Race, s’invente l’idée que, rien qu’en regardant quelqu’un, on sait d’où il est et qui il est ». Mais aujourd’hui on ne dit plus « Race » mais « origine » et le réel n’a toujours pas sa place, et « puisque je ne suis pas blanche, je suis forcément d’ailleurs ».

Tu viens d’où ? en sous-entendant un ailleurs nécessairement autre, « « Origine » est une façon de faire rentrer chacun dans son Groupe, de lui faire réintégrer sa Race ». A chaque fois, un rappel à l’ordre, une remise à sa place (...)

Alors, tentons une expérience. Faisons un tour dans notre maison hantée, ouvrons les placards, les tiroirs, les dossiers, et regardons la Race en face. Il se pourrait, alors que nous cessions enfin de croire que les Noirs, les Juifs, les Musulmans, et tous les êtres en majuscules existent ». (...)

Je n’oublie pas les mortifères ritournelles. Ne pas être considéré·e comme un·e français·e (par exemple) aussi « légitime » (« de souche » disent les ultras) qu’un·e autre, et cette sempiternelle proposition de « retourner chez moi ». Le « pur » et la « pureté » de la droite extrême (mais pas que d’elle), l’obsession de l’« ennemi caché », de celles et ceux qui « dissimulent leur vraie Nature », de l’« Eternellement Etrangère », d’« un Avant qui n’a jamais existé ». (...)