
On les croyait temporairement stigmatisés suite à leur responsabilité dans la crise financière. Loin de faire profil bas, les marchés financiers repartent à l’assaut de ce qui reste du « modèle social européen ». Objectif : faire payer les populations en menant une offensive sans précédent contre les salaires, les services publics et les droits sociaux, avec la complicité des gouvernements. Si la Grèce est aujourd’hui dans le collimateur, tous les pays européens sont concernés.
...Grande absente du dispositif : la Banque centrale européenne (BCE). Cette dernière a le droit de prêter de l’argent aux banques privées, mais ses statuts l’empêchent d’acheter directement des obligations d’État. « On a aujourd’hui cette chose absolument inouïe que, quand vous vous appelez la République française, vous devez payer 3,4% ou 3,5% d’intérêts alors que si vous vous appelez BNP-Paribas, vous allez payer 0,5% », s’insurge l’économiste Jacques Sapir, « le fait que la BCE n’ait pas aligné les taux auxquels les État peuvent emprunter sur les taux auxquels elle prête aux banques, c’est aujourd’hui scandaleux. »...
..Les États ont assuré à travers l’argent des contribuables la survie de la finance mondiale. Après avoir injecté des centaines de milliards de dollars dans le système financier, les moyens publics se sont raréfiés à mesure que les marchés reprenaient du poil de la bête. Ceux-là même qui ont été sauvés par les États les menacent aujourd’hui en utilisant l’argent qu’États et banques centrales leur ont prêté à des taux historiquement bas
...Faudra-t-il tailler encore plus dans les budgets sociaux pour satisfaire les marchés ? « Des solutions existent pour sortir du piège de la dette. Mais elles supposent un affrontement avec le patronat et les marchés financiers. Tous les gouvernements européens sont aujourd’hui en train de préparer une politique d’austérité drastique pour faire payer la crise aux salariés et plus largement aux populations, le tout sous le contrôle étroit de la Commission européenne et de la BCE. Il est aujourd’hui grand temps que les salariés européens se mobilisent pour imposer d’autres orientations », souhaite l’Union syndicale Solidaires. La balle est dans le camp du mouvement social et syndical.