
Nous intervenons ici, en tant qu’économistes, pour mettre en garde contre les dangers que comporte le Traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance de l’Union économique et monétaire. Ce Pacte budgétaire marque une nouvelle étape de deux offensives, celle des libéraux contre la pratique keynésienne de la politique économique, celle des instances européennes contre l’autonomie des politiques budgétaires nationales.
Ce Traité ne s’attaque pas aux causes de la crise financière : l’aveuglement et l’avidité des marchés financiers, l’éclatement des bulles financières et immobilières induites par la financiarisation, le gonflement des inégalités de revenus permis par la concurrence effrénée entre pays favorisée par la mondialisation.
Il ne s’attaque pas aux causes de la crise de la zone Euro : l’absence d’une réelle coordination des politiques économiques ayant l’emploi comme objectif, le déséquilibre provoqué par la recherche d’excédents des pays du Nord, l’interdiction inscrite dans la Constitution européenne de financement des États par la BCE, ce qui permet à la spéculation de se déclencher alors qu’elle est impuissante contre les États-Unis, le Japon, le Royaume-Uni pourtant plus endettés que la zone euro.
Le Traité entérine les politiques d’austérité, suivies depuis trois ans, qui enfoncent l’Europe dans une récession sans fin, qui aggravent la mise en cause le modèle social européen, qui plongent des millions d’européens, en premier lieu les jeunes, dans le chômage et des millions de famille dans la pauvreté.
Le Pacte budgétaire repose sur un diagnostic erroné. (...)