
Pas sûr que, dans les jours qui viennent, cela fasse les gros titres du « 20 heures » ! Et pourtant voilà bien un de ces événements qui mériteraient débat tant ils conditionnent nos vies quotidiennes. Dans une semaine, le 24 juin, le Conseil des ministres européens de l’Économie entérinera — cela ne fait guère de doute — les recommandations budgétaires adoptées quinze jours auparavant par la Commission européenne. De quoi s’agit-il ? Il s’agit de la dette.
Cette dette qui ruine les Grecs, plus que la Grèce, les Portugais, plus que le Portugal, et qui pourrait demain ruiner les Français, et qui justifie depuis plusieurs années déjà toutes les attaques contre la Fonction publique et les services du même nom. (...)
« La France, c’est comme un ménage, nous expliquent de savants experts en s’abaissant un instant à notre niveau de niaiserie, et si nous dépensons plus que nous percevons, les dettes s’accumulent. » « Pour les rembourser nous empruntons ; alors, dans le meilleur des cas, nous nous appauvrissons à force de verser des intérêts à nos créanciers ; et dans le pire, c’est l’enfer de la faillite collective. » Soit, mais la dette existe depuis au moins huit siècles, et la fable du pays qui se gère comme un ménage est toute récente. Ce n’est guère que depuis 1973 que la Banque de France n’a plus le droit de prêter… à la France. Et ce n’est que depuis 2000 que le recours à la dévaluation est impossible. Avec la réunion du 24 juin, et ce qui s’ensuivra, on réduira encore délibérément les marges de manœuvre des États dans la gestion de leurs budgets.
Il ne s’agit évidemment pas ici de faire l’éloge des déficits et de la dette. Encore que, dans un passé déjà lointain, celle-ci a pu permettre la réalisation de politiques sociales et le développement de services publics (mais aussi, de financer des guerres…). Admettons donc que ce n’est pas la panacée. Le problème est ailleurs. Qui creuse les déficits ? Il suffirait de se pencher sur les politiques fiscales de ces dernières années — exonérations et autres niches et boucliers qui profitent aux plus favorisés — pour apporter la preuve que l’aggravation du déficit résulte en grande partie de ces dispositions [1] . C’est vrai au niveau des ménages, comme à celui des entreprises. Comme par hasard, l’impôt sur les bénéfices a été considérablement allégé pour les firmes du CAC 40, et alourdi pour les PME.
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