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Le « vrai travail » selon Sarkozy va-t-il tuer la démocratie ?
Article mis en ligne le 4 mai 2012
dernière modification le 2 mai 2012

Et si la poussée réactionnaire, le sentiment d’abandon et de frustrations qu’exprime une partie des classes populaires venaient aussi de ce qu’elles vivent sur leur lieu de travail ? Destruction des collectifs, individualisation, soumission aux logiques financières, management oppressant et incertitudes permanentes caractérisent de plus en plus le monde de l’entreprise. Nicolas Sarkozy y répond par la division, en séparant les « vrais travailleurs » des autres, les résistants, les « inaptes » ou les chômeurs. Bien plus qu’une question sociale, voici pourquoi le travail est devenu un enjeu démocratique central.

(...)« On ne peut pas laisser pourrir la situation dans le travail. Si on le fait, le risque, c’est une convulsion réactionnaire », prévenait la sociologue Anne Salmon, de l’université Paul-Verlaine de Metz [1]. Les scores alarmants réalisés par Marine Le Pen au 1er tour de la présidentielle semblent malheureusement lui donner raison. Le vote FN s’explique de plusieurs manières : du racisme invétéré, qui cimente le noyau dur de son électorat, à la colère sourde contre les élites, jusqu’à la peur de la relégation qui se répand dans les lointaines périphéries des grandes agglomérations. Et si ce qui se passe dans le monde du travail y était aussi pour quelque chose ? (...)

Pourtant, le monde du travail résiste bel et bien, mais de manière individuelle. « La souffrance au travail témoigne d’une résistance qui est faite dans l’isolement », estime Philippe Davezies, enseignant-chercheur en médecine et santé au travail. « Avec l’intensification, il est impossible de répondre en même temps aux impératifs de la hiérarchie et aux impératifs du réel. » Et, souvent, les salariés tentent de choisir le réel, en accord avec leur éthique, avec leur vision d’un travail bien fait, plutôt que les critères imposés par les gestionnaires. Face à la nouvelle division du travail que prône Nicolas Sarkozy, la gauche réinventera-t-elle une éthique collective du travail et des métiers ?

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