
Nouveau coup de tonnerre dans le scandale des anomalies concernant des composants nucléaires français produits par l’usine d’Areva au Creusot : le cabinet LargeAssociates publie un rapport alarmant sur les dysfonctionnements d’une industrie nucléaire en faillite.
Son auteur, John Large, a enquêté pendant plusieurs mois sur le cas de la cuve de l’EPR de Flamanville, sur les générateurs de vapeur et enfin sur le dossier des anomalies et des soupçons de falsification à l’usine Creusot Forge d’Areva. La conclusion est sans appel : 44 % de la capacité de production d’électricité nucléaire française est porteuse de risques significatifs.
EPR de Flamanville : la cuve doit être détruite
Le rapport démontre que la cuve de l’EPR de Flamanville, pourtant déjà installée, ne dispose pas d’un certificat de conformité délivré par l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN). Cela signifie qu’elle n’est pas conforme à la directive européenne sur les équipements pressurisés et ne répond pas aux exigences de l’ASN, qui depuis 2008, demande que tout nouveau composant ait un certificat de conformité avant le démarrage de la production.
John Large démontre que désormais, le seul moyen pour garantir que la cuve de l’EPR de Flamanville et la méthode de forgeage sont conformes aux normes de certification, serait de procéder à un test destructif de la cuve pour tester sa résistance. L’EPR de Flamanville ne pourra donc pas fonctionner dans les délais annoncés par EDF, mais ce ne sera pas le premier report, puisque le chantier a déjà six ans de retard. Or chaque année de retard coûte entre 500 millions et un milliard d’euros.
Une majorité des réacteurs français présentent des failles de sûreté
Le rapport montre par ailleurs que l’usine Creusot Forge d’Areva n’avait pas les qualifications techniques requises. Elle ne maîtrisait pas les procédures nécessaires à la vérification de la sûreté dans les étapes de fabrication des pièces.
L’ASN a récemment publié une liste des réacteurs concernés par les anomalies et les irrégularités qui démontre que le phénomène prend des proportions alarmantes (...)
L’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) a quant à lui tiré la sonnette d’alarme cette année sur la présence de défauts non détectés qui induisent un risque inquantifiable d’incident radiologique sérieux.
Nous demandons donc que l’ensemble des réacteurs concernés, à ce jour 32 en France, soient mis à l’arrêt tant que les contrôles n’ont pas été effectués et les démonstrations de sûreté complémentaires apportées.
Le scandale des anomalies s’étend à l’international
Les anomalies de carbone, similaires à celles de la cuve de l’EPR, détectées sur 18 générateurs de vapeur et révélées par l’ASN en juin dernier, démontrent la dimension internationale du scandale. Si une grande partie des pièces ont été forgées à l’usine Creusot Forge d’Areva, certaines l’ont été dans des forges japonaises. Preuve que les procédures de contrôle de qualité et de conformité ne sont pas fiables dans l’industrie nucléaire française et à l’étranger.
Le rapport pointe également du doigt les responsabilités des fabricants comme des opérateurs. (...)