
Au Canada, les mesures de justice réparatrice ont largement dépassé le stade expérimental. Depuis plus de trente ans, le service correctionnel chargé des personnes condamnées à des peines de prison supérieures à deux ans dispose d’une division spécifique. Il reçoit chaque année entre cent cinquante et deux cents demandes de médiation directe entre un délinquant et une victime. Cependant, le dispositif reste essentiellement porté par la société civile. Ce n’est pas un hasard : l’histoire de ce mouvement doit beaucoup à son ancrage communautaire et aux contestations du système judiciaire.
Les premières mesures de déjudiciarisation voient le jour pour les adolescents contrevenants. Les programmes restauratifs se développent rapidement, jusqu’à devenir l’essentiel des réponses alternatives proposées aux mineurs délinquants.
Aujourd’hui, si ces programmes reçoivent l’appui des gouvernements provinciaux et fédéral, la plupart restent mis en œuvre par des organismes communautaires ou confessionnels. Ainsi, les rencontres détenus-victimes (de substitution) semblables à celles organisées en France dépendent entièrement de l’investissement de bénévoles du milieu associatif. Un impératif qui ne constitue pas un frein, car, au Canada, la justice est l’affaire de tous. (...)